Contribution de
33 - Guy DUCLOS Mes 32 années de Téléinformatique à la SAT
Très peu doué en expression écrite je me vois mal participer même très légèrement, à la rédaction de l’histoire de la SAT ! Par contre en voyant qu’il existe un groupe de rédaction de gens très compétents MM. Bayle, Baudoin, Berland, Colin de Verdiere, Lavoisard qui ont tous été mes chefs, je peux, en évoquant ma carrière de mai 1966 à mai 1998 leur rappeler quelques faits ou anecdotes qu’ils auraient oubliés. Mes souvenirs pourraient peut être apporter à leur récit le point de vue d’un petit technicien très reconnaissant à la SAT du bonheur qu’elle lui a apporté et de la carrière honorable qu’elle lui a permis.
Voilà donc en vrac mais dans un ordre chronologique l’essentiel de ce que ma mémoire a conservé de ces 32 années.
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J’ai été présenté à M. Mitrani par un copain de classe Marc Soulat lui-même embauché depuis 2 mois.
Après un test technique comportant une seule question « Que devient la valeur de la self d’un solénoïde dont on double le nombre de spires » je fus embauché comme AT3 sous l’œil ironique de son voisin de bureau M. Barbier, chef du groupe 19. J’étais un peu déçu de ne pas avoir eu à montrer mon diplôme du BTS dont j’étais très fier. C’était vraiment une embauche à faire pâlir aujourd’hui tout DRH normalement constitué.
Anecdote : le duo de l’époque constitué par MM. Mitrani Barbier
Dans le même temps, M. Mitrani embaucha un ingénieur de Supelec qui avait un important cursus universitaire Raymond Matichard. Celui-ci nous raconta plus tard qu’à l’énumération de ces certificats M. Mitrani se tourna vers M. Barbier et lui dit avec un grand sourire « M. Barbier je crois que vous êtes battu !».
Je me souviens aussi d’un ingénieur du groupe 19, grand fumeur de pipe et compteur d’anecdotes M. Greuzat qui taquinait M. Mitrani en l’appelant « M. le Ministre » surnom qui lui est d’ailleurs resté par la suite.
Après 2 jours de lecture intense de deux petits fascicules du style « La téléinformatique mais c’est très simple », j’ai été intégré à la tour carrée dans l’équipe de M. Berland.
Les trois premières études auxquelles j’ai participé furent pour moi des expériences très formatrices et des réussites techniques, mais pas de grandes réussites industrielles et commerciales pour la SAT.
1966 - Système de transmission reflex, bandes perforées à bandes perforées avec correction d’erreur à 2400 bits /seconde sur ligne louées 4 fils. C’était un marché d’étude pour la SNCF. M. Berland et son équipe (Marc Soulat et moi) étaient en charge de ce projet qui se solda par deux prototypes.
Principe : Les données émises par le modem étaient préalablement découpées en bloc de 128 bits, chaque bloc émis était mémorisé avant l’envoi puis mémorisé à la réception avant d’être retourné puis comparé au bloc émis. S’il y avait eu erreur ce bloc était répété sinon on passait au bloc suivant. Ce système comportait donc plusieurs mémoires 128 bits réalisés avec des modules « Transco » soit 8 cartes 5U pour chacune d’elles !
De mémoire, un module (Une bascule ou 2 inverseurs fonctionnant jusqu’à 100 kHz) faisait environ 18 cm3 (6 x 3 x 1cm). Chaque extrémité de ce système occupait une armoire 19 pouces de 240.
1967- Avec un chimiste de Dourdan, M. Boisson, ce fut l’étude de module équivalent à « Transco » mais à « résistance couche mince sur substrat céramique » La présérie fonctionnait jusqu'à peu près 1 MHz et par rapport à « Transco » le volume avait été divisé par 2. Pourtant l’arrivée des circuits intégrés DTL tua dans l’œuf l’industrialisation de ces petites merveilles.
J’aime à rappeler ces notions de volume et de poids aux jeunes générations ; elles permettent de mesurer le chemin parcouru en moins d’un demi siècle. Il faut dire que, dans ce domaine, le démarrage a été particulièrement fulgurant ; en effet, moins d’un an plus tard M. Mitrani faisait expérimenter à mon ami Marc Soulat des mémoires technologie MOS en boîtier TO3 de 21 Bits une première à la SAT. Nous venions de gagner une puissance de 10 sur la fréquence de fonctionnement, deux sur le poids et presque trois sur le volume et la puissance consommée. Quelques chiffres de mémoire.
- 1966 Un bit stocké - 25 cm3 - 2 W - 40 gr - 0.04 MHz
- 1967 Un bit stocké - 0.2 cm3 - 2 mW - 1 gr - 0.5 MHz
- 19XX Jeunes ingénieurs faites vos calculs …
1967-1968- Le Modem SOTELEC fut une collaboration CNET, Alcatel, TRT, CIT, LTT et SAT. Pour la SAT M. Berland était responsable de la partie filtrage réception et démodulation voie de donnée à 600/1200 bits / secondes et chargé de la maîtrise d’œuvre du produit. Ce fut le premier modem normalisé V23 et V24 il comportait une dizaine de cartes dans un coffret 5U. Il en fut réalisé entre de 6 à 10 prototypes.
Anecdote : C’est avec une paire de ces modems que j’accompagné M. Berland en Espagne pour une semaine d’essais sur le réseau de Telephonica. C’était mon baptême de l’air en avion. Les comptages d’erreurs se pratiquaient dans les salles de commutation des centraux téléphoniques. Les commutateurs étaient de types Rotary d’une des premières générations. Celui de Madrid était particulièrement impressionnant, on se perdait dans la multitude de travées d’une dizaine de mètres de long par quatre de haut, un enchevêtrement d’axes, d’engrenages, de renvois en rotation permanente pour permettre aux rotacteurs de se positionner à chaque appel d’un abonné. Plusieurs préposés circulaient entre les travées avec leur échelle pour débloquer les rotacteurs trop longtemps actifs.
C’est avec ce même modem, pour une expérimentation chez Olivetti, à Ivrea, que je fis mon deuxième voyage professionnel en avion, beaucoup moins rassurant celui-là :.la veille un de nos brillants commerçants export M. Sese avait disparu dans un crash aérien en Suisse et au retour le brouillard sur Orly nous conduisit à l’aéroport de Bruxelles ou notre avion se posa à la troisième tentative.
1968-1970- Toujours sous les ordres de M. Berland et profitant de l’expérience SOTELEC nous enchainâmes sur une série de modems normalisés V23. Avec Jean Marie Pinson, à l’époque jeune technicien des chantiers, nous avons souvent évoqué cette période à la tour carrée où il s’initiait aux modems et particulièrement au dialogue modem - terminal.
Anecdote : Humour réservé aux initiés de notre génération !
Question du terminal : CPD « Magne toi de numéroter »
Réponse du modem : PDP « C’est fait, je suis connecté au réseau des PTT »
Question du terminal : DPE « Cause pour voir si ça répond »
Réponse du modem : PAE «Je suis prêt à causer, que faut-il dire ?»
puis DS « Tu peux y aller, ils écoutent en face, mais attention les PTT coupent souvent la ligne !»
ou SDB « Cause moins vite, il y a du bruit on ne se comprend pas » et la même chose sur la voie de supervision.
Revenons aux choses sérieuses : D’abord le Telsat 510 (½ coffret 4U), suivi du Telsat 520 avec voie de supervision à 75 bits/s (Coffret 4U) puis le Telsat 510 B un mono carte même fonctions même performances mais 3 fois plus petit, 3 fois mois lourd et surtout 3 fois moins cher. La bataille des prix avec TRT avait commencé, pas à notre avantage d’ailleurs.
Anecdote : Je me souviens très bien qu’à cette époque le directeur technique a mis M. Mitrani très en colère en disant « les modems, moins la SAT en vend plus elle gagne d’argent » c’était sûrement vrai ce jour là. Plus je vieillis plus je constate que peu de vérités résistent au temps.
Mais c’était sans compter sur la pugnacité de M. Mitrani, le dynamisme de toute l’équipe dont il s’était entouré, la lucidité de M. Boulin, la bienveillance de M. Plantier et l’efficacité de l’équipe chantier à laquelle M. Bouchard avait affecté, des le début, des éléments très dynamiques MM. Pinson, Poitier, Santi, etc. J’allais oublier l’équipe commerciale qui devint rapidement SATELCOM avec MM. Garnier, Bourdon, Terdieux, Pinson (encore lui, après M. Mitrani c’est sûrement M. Modem N°2)
Nos produits commençaient à alimenter l’outil industriel avec une particularité ; nous ne travaillions pas sur OF (Ordre de Fabrication) comme l’ensemble de la SAT mais sur OFS (Ordre de Fabrication Spéciale) méthode d’approvisionnement et d’industrialisation développée pour l’activité « modems ». Cette méthode centralisée mise en œuvre par M. Gandcher permettait par sa souplesse de raccourcir énormément les délais Décision de faire / Commercialisation.
S’il était Pugnace M. Mitrani était aussi obstiné. Il voulait absolument imposer au CCITT le type de modulation retenu par la SAT, la suite nous a montré que c’était souvent mission impossible.
Anecdote : A cette époque un jeune ingénieur de Supélec M. Chaillet alors qu’il travaillait avec M. Lepoute sur la maquette du Telsat 820 avait empoigné celle-ci en disant :« S’il ne tenait qu’à moi elle passerait par la fenêtre et demain matin nous attaquerions un octophase. » Nous aurions gagné presque deux ans. Ce jeune et brillant ingénieur était d’ailleurs un véritable paradoxe pour M. Mitrani. Fils d’un magistrat de la cours de Versailles et Soixante huitard engagé, vous imaginez !
1972-1975 : Changement de chef c’est avec M. Bayle que nous nous lançons, avec un gros retard sur la concurrence, dans la laborieuse étude d’un modem octophase. Les normalisateurs du CCITT avait définitivement retenu ce mode de modulation pour la vitesse 4800 bit/s le produits s’y conformant répondaient à l’avis V27.
Il fut très naturellement baptisé à la SAT Telsat 830 le nombre « 820 » ayant été pris par son aîné, le modem 4800 bits/s, dont le normalisateur n’avait pas voulu.
Cette étude fut laborieuse et difficile car nous avions peu d’expérience sur ce type de modulation, il fallait aller vite et faire un produit au prix de la concurrence, voir mieux, avec TRT ce n’était pas gagné d’avance. M. Bayle passait souvent me voir dans le labo « Alors ? », « Toujours fermé M. Bayle ». Je parlais bien sûr de l’œil de la maquette. Puis un jour M. Pinteau, notre spécialiste en traitement du signal, nous parla d’un article sur le filtrage et en particulier de filtre à « cosinus surélevé ». M. Allemandou, aussitôt mis à contribution, nous mit au point après plusieurs expérimentations le fameux filtre qui ouvrit l’œil du T 830. Mais il y avait encore beaucoup de travail et d’incertitudes, les choix étaient difficiles pour la récupération du porteur et du rythme, analogique ou numérique : phase lock ou horloge digitale. Tout le monde y mettait son grain de sel en particulier M. Amat qui arrivait tous les matins avec une nouvelle idée de réalisation d’horloge : calage en phase d’initialisation, multi poids de correction, etc...
Nous avons du faire les bons choix car ce modem fut une réussite commerciale qui dura. Le nombre vendu s’est chiffré par dizaine de milliers, c’était, il me semble, une première à la SAT, les réseaux équipés étaient prestigieux TRANSPAC, BNP, SNCF, CEL, Météo ….). Il faut dire que sur la fin de l’étude nous avons eu l’aide d’un brillant ingénieur qui, je crois, nous arrivait tout droit de Supélec Jean Marc Colin de Verdière qui, en un temps record, nous permit de rajouter en option un correcteur semi automatique pour ligne de qualité normale. Je dirais presque, avec le recul que notre retard s’était transformé en avantage, car nous avons réussi un produit complet couvrant toute la gamme des besoins, très fiable et à un prix de revient très compétitif.
Il était conforme à l’Avis V27 du CCITT, multipoint à retournement très rapide (mieux que celui de TRT) sur lignes de qualité supérieure, équipé d’un correcteur manuel dont le réglage était autonome et très ergonomique, d’un indicateur de qualité de transmission affiché par un petit galvanomètre en face avant et comprenait, en option, un correcteur semi automatique et un multiplexeur synchrone interne. Son industrialisation a démarré directement dans notre usine de Bayonne avec un contrôle entièrement automatisé même pour la partie analogique, encore une première à la SAT si je ne me trompe.
En effet, à cette époque, à la SAT, seul le contrôle numérique était automatisé par l’équipe de M. Lamiraut et notre modem comportait encore beaucoup de contrôles analogiques au niveau des cartes, et surtout du contrôle final. Nous avions pour habitude de réaliser des petites boîtes d’assistance pour minimiser le temps de contrôle. Celles-ci comportaient des filtres (Selfs, Capacités) dont la précision de réglage mettait énormément en cause les performances du produit. Avec Jean Marc Colin de Verdière et un brillant technicien du contrôle, M. Fontenette, l’idée germa d’associer ces petites boites au banc de contrôle numérique Sigma. L’autorisation nous fut donnée par M. Mitrani : autorisation, avouons-le, sensiblement assortie de menaces au cas où ça ne marcherait pas. Finalement nous avons réalisé un tiroir de contrôle avec pupitre en inox qui s’intégrait parfaitement à la baie Sigma ce qui fit dire à M. Mitrani « Dité moi, j’é vous é autorisé une 2CV et vous m’avez fait une Rolls Royce, ça a intérêt à marcher ! ». J’essaie d’y mettre l’accent car ça faisait partie du personnage, ceci avec beaucoup de respect bien sûr ; je pense que Jean Marc se souvient que, ce jour-là, nous avons un peu tremblé.
Heureusement, après deux semaines (aux nuits très courtes) de mise au point à Bayonne, ce fut une réussite : au lieu des quelques heures envisagées, le temps de réglage et contrôle s’exprimait en minutes ; moins de 15 mn pour réglage et contrôle des cartes d’un modem de base et environ 8 mn pour le contrôle final. Ce résultat fit d’ailleurs dire au PDG de l’époque à qui M. Mitrani et M. Duccini (Responsable du contrôle sous-ensembles de Paris) présentaient non sans fierté ces résultats « Messieurs ne croyez vous pas que ces quelques heures de contrôle faisaient apparaître des pannes que nous allons retrouver chez les clients ?». Je me souviens avoir été très déçu de cette réflexion, il avait pourtant raison puisque très vite Bayonne dût mettre en place des chambres de déverminage. Mais malgré ça, beaucoup d’heures furent gagnées qui ont pesé lourd dans le prix de revient de ce produit.
1982 ?- (Je manque de repère de temps) Cette fois, accompagné de M. Lepoute, c’est dans l’équipe d’un brillant ingénieur de Sup Telecom, Georges Baudoin, que je continuais mes activités d’étude avec toute une série de modems hauts débits conçus à partir de modems OEM achetés à une société Américaine Paradyne ou Japonaise Fuji. Il fallait mettre en boîte et adapter au marché Européen, ou aux exigences de gros clients comme Transpac, ces cœurs de modem.
Il y en a tellement eu que je serais incapable de ne pas en oublier Telsat 9640, 9641, 9642, 14440, 19240, mêmes déclinaisons en famille 50 puis 60. Un nouveau modem était conçu en quelque mois, MM. Baudoin, Butin et moi-même étions devenus les rois du meccano.
De cette période l’étude qui pour ma part illustre le mieux l’esprit de l’équipe modem est celle du Telsat 9641. Suite à l’appel d’offre lancé par Transvaal pour une quantité très importante de modem V29 avec télémaintenance, délai impératif deux mois, M. Mitrani décida de répondre. Il fallait dans ce temps créer la télémaintenance de toute pièce, l’associer à un OEM que nous ne maîtrisions pas encore totalement et réaliser deux prototypes transportables. L’équipe normale de M. Baudouin (MM. Lepaute, Butin et moi) fut renforcée par les ressources humaines compétentes du groupe : MM. Galland et Restaur, plus ceux que je dois oublier. Parallèlement PARADE nous détacha pour deux semaines l’ingénieur spécialiste du produit M. Vince. Les trois dernières semaines nous ne quittions guères la SAT avant minuit et prenions un petit casse croûte, en milieu de la soirée, à la Pizzeria de la rue de Tolbiac. A Satelcom les commerçants rédigeaient la proposition, les équipes du chiffrage optimisaient le prix de revient, M. Mitrani orchestrait. Le jour ultime, avant 18h, Jean-Marie Pinson qui avait rejoint Satelcom remit notre proposition et nos deux prototypes. Deux mois plus tard nous étions retenus pour cette fourniture.
Mr Mitrani était bon chef d’orchestre mais il était aussi l’âpre gestionnaire des deniers de la riche SAT de l’époque, chaque ingénieur devait justifier ses commandes et il était le seul à pouvoir les signer.
Anecdote : Un jour un de mes collègues avait provisoirement posé l’oscilloscope à mémoire Tektronix du groupe légèrement en équilibre sur le coin d’une table. Comme d’habitude, M. Mitrani passa au bon moment « M. X, chez vous, vous poseriez votre téléviseur en équilibre comme ça ? Cette appareil vos dix fois le prix de votre téléviseur ! ».
Il avait le N° de téléphone du domicile de chacun de nous. Un soir, alors que j’étais sur le chemin du retour, c’est mon épouse qui prit la communication. J’avais oublié d’éteindre ma lampe de bureau. Une autre fois, à l’époque où nous terminions l’aménagement de la maison, c’est mon fils, qui avait à peine 10 ans, qui décrocha : « Papa, c’est ton maçon portugais ! » « Allo, M. Martin ? » « Non, ce n’est pas M. Martin, c’est M. Mitrani ….. » son accent légendaire avait encore frappé
19XX- En parallèle, et un peu en artisan directement chapoté par M. Mitrani, je devenais pour le laboratoire le spécialiste des alimentations, et des définitions de générations mécaniques. Je quittais progressivement l’étude pour plus me pencher sur, les problèmes de procédés industriels, d’analyse de la valeur, de recherche de sous traitants, de rédaction de cahier des charge, de recette et validation des parties sous traitées.
L’objectif défini à M. Peny, responsable de notre bureau d’étude et à son adjoint M. Remy était clair, réduire les coûts en améliorant l’esthétique et la convivialité de nos produits tout en conservant leur fiabilité, tout un programme ! Grâce aux nombreuses compétences de ce bureau, plus particulièrement au génie mécanique d’un de ses dessinateurs M. Roy, aux performances du spécialiste en moules et moulages M. Ticket et aux féroces négociateurs qu’étaient les acheteurs MM. Carles et Forveil, ces challenges ont presque toujours été tenus, ci-dessous une petite analyse.
Mécanique type 70 :
Le challenge : Très bas coût pour petits modems en coffret qui seront traités en bi modem sur une carte 5 U pour la version châssis.
Solution retenue : Profilé d’aluminium adapté tronçonné à longueur.
Face avant en plastique translucide préformé portant les marquages et laissant apparaître les voyants montés en face avant de la carte.
Face arrière en plastique moulé porteur d’une alvéole externe permettant le surmoulage du transformateur secteur. Ce surmoulage étant assuré par des sous traitants bobinier, plus particulièrement l’Allemand Friwo.
Avantage : Très peu de main d’œuvre non automatisée (2 vis de fixation une face avant une face arrière)
Inconvénient : Problèmes de CEM, impossible d’assurer une liaison électrique boîtier face arrière. Rapide perte de compétitivité liée à une forte évolution du prix de l’aluminium.
Evolution : Remplacement du profilé aluminium par un équivalent plastique moulé.
Mécanique type 40 :
Le challenge : Remplacer la mécanique en inox embouti meccano soudé (Telsat 1000, 830….) devenue trop onéreuse pour nos gros modems. En la remplaçant par une solution économique et aussi évolutive que nos produits.
Solution retenue : Jeux de 7 pièces moulées 4 fonds, 2 couvercles et une glissière de carte universelle, et de 4 faces avant en plastique translucide préformées. Tous ces éléments étant clipsables, il suffisait de 4 vis en face arrière pour fermer le produit.
Cet ensemble de pièces permettait la construction :
- Des coffrets 3U et 2U en 19 pouces et ½ 19 pouces.
Pour les modems multicartes. Une carte d’interconnections verticale assurée la liaison entre les cartes et le module alimentation logé à l’arrière.
- Des coffrets 1U / 19 pouces et ½ 19 pouce.
Pour modem mono carte. Une carte horizontale à l’arrière portait le module alimentation et les divers connecteurs externes.
Avantage : Beaucoup de solution à prix raisonnable pour un investissement moule limité.
Inconvénients : La version châssis qui utilise les cartes coffrets reste lourde, beaucoup de connectique.
Mécanique type 50 :
Le challenge : Supprimer, dans les coffrets comme dans les châssis la carte d’interconnections en conservant l’aspect carte unique, coffret châssis et en ne retirant pas à la version châssis la possibilité d’extraire les cartes sans débrancher les cordons arrière.
Solution retenue : Une carte unique de 5U rallongée portant à l’arrière une connectique externe, alimentation, lignes téléphoniques et terminal judicieusement choisie pour s’adapter à une connectique de traversée clipsable sur les supports arrière du châssis.
Pour le coffret la carte était clipsée dans un coffret 1U ½ 19 pouces à l’arrière duquel venait s’enficher un boîtier clipsable de notre conception qui contenait une carte alimentation sous traité.
Pour le châssis deux flasques métalliques, deux plateaux glissières identiques en plastiques moulés et 8, 10,12 ou 16 supports dans lequel les connecteurs de traversée se clipsaient, un barreau alimentation tenu par deux vis raccordé aux cartes par une nappe clipsable. (Investissement moule deux pièces)
M. Mitrani fut tellement satisfait du résultat qu’il déposa un brevet.
Mécanique type 60 :
Le challenge : Créer des produits qui puissent se poser sur un bureau (petits, compacts, beau, conversationnel, etc. ….) et conforment aux normes exigées par le marquage CE en CEM et Sécurité. Sans oublier, bien sûr et avant tout, de réduire les prix de revient. Je crois qu’on a encore réussi.
19XX- Le groupe 18 devenu BTI quitte le 41, rue Cantagrel pour élire domicile rue Watt.
Il me semble que ce soit à cette époque que M. Mitrani ait rendu hebdomadaires les réunions « modems », encore une première à la SAT. Ces réunions étaient d’une grande efficacité, y assistaient un représentant de la production, du contrôle, du planning, des commerçants et partiellement chaque responsable d’étude du labo ou des entités concernées. Elles traitaient pour les études, de l’avancement, des problèmes rencontrés, du respect des objectifs mais aussi des problèmes et des critiques clients. Pour M. Mitrani qui dirigeait ces réunions le plus important était la satisfaction du client et la résolution de son problème, la recherche des responsabilités internes passait en second. En fait avant notre président, M. Pierre Faure, il avait fait passer à toute son équipe, ce message capital « Dans toute entreprise la personne la plus importante c’est le client. »
Anecdote : Dans le même esprit, un soir il m’appelle dans son bureau je ne sais plus pour quel modem «M. Duclos, M. Santuc de notre agence commerciale de Bordeaux vient personnellement de m’informer d’un problème technique qui compromet la signature du prochain marché avec le centre d’essai des Landes à Biscarosse, je pense que vous êtes l’homme de la situation, Mr Santuc vous attendra à Mérignac demain matin à 8h. Prenez contact avec lui »
« Je prévois mon retour pour quand Mr Mitrani ?
« Mais Messieu Duclos, quand ça marchera !
Toujours avec M. Baudoin, devenu Chef de Groupe, je participe à l’agrément en France et à l’étranger de nombreux modems de notre gamme. En parallèle je deviens aussi le spécialiste CEM et Sécurité de l’équipe Modem : j’accompagnais puis je remplaçais M. Bourgoin dans les groupes de normalisation concernant ces domaines.
Plus tard, quand nous intégrons le SDCC (Service Développements Communs et Coordination de M. Lavoisard, avec Patrice Deschoand notre activité s’élargit au conseil en conception, et à l’organisation des essais de conformité dans les labos de la SAT et extérieurs en France et en Europe. Cette activité se généralisa alors à l’ensemble de la SAT et de ses filiales Anglaises et Allemandes.
1995-1998- Toujours avec Patrice, nous devenions les spécialistes du Marquage CE. C’est sur cette activité qu’en mai 1998 je terminais ma carrière à la SAT. Patrice Deschoand, avec qui je garde des contacts poursuit et élargit cette activité.
Je dis comme beaucoup un grand merci à tous ceux avec qui j’ai travaillé et particulièrement à M. Mitrani, celui sans qui l’activité « modems » n’aurait sûrement pas existée à la SAT. Un de mes professeurs disait qu’un chef doit :
· ne rien faire,
· tout faire faire,
· ne rien laisser faire,
M. Mitrani s’en approchait beaucoup !
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