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Contribution de N°14 - Claude LARCHER

 Chronique de Claude LARCHER

 
CHRONIQUE DE LA COUR DE WISSOUS AU GRAND SIÈCLE
Transcrit, dans les années 80, par notre grand humoriste, oh! Combien réservé, Claude LARCHER. Communiqué par Robert NICOULEAU en hommage à notre regretté compagnon.
Les initiés apprécieront; les non initiés admireront le talent.
Petite chronique wissalienne, à l’usage de Monseigneur de la BOUVIERE, pour le tenir au courant, en ses terres Nivernaises, des menus faits survenus en son absence, et si faire se peut, lui apporter ainsi réconfort en sa lointaine retraite.
Lundi :
Monseigneur de la FOULONIERE nous a fait grande peur. Vous savez que cet homme de bien, poursuit inlassablement son dur entraînement à la mission que Monsieur de SALIGNAC envisage de lui confier en nos territoires des Indes.
L’affaire prend des proportions inquiétantes !
J’oeuvrais tout benoîtement à mon étude sur les combustibles désodorisés :
Arrive en coup de vent Monsieur de BRUNEAU, notre grand facturier :
"Venez vite, il se passe chez moi des choses graves".
Nous courûmes. Las ! Quel spectacle ! Représentez-vous la table de souffrance de notre ascète. Sur icelle, son habituel fauteuil, et juché sur icelui notre la FOULONIERE. :
En équilibre sur une jambe, l’autre repliée autour du cou. En sa destre le dossier des Indes, En sa senestre les œuvres de GANDHI. Sur le front, la signé de VICHNOU. L’œil vague, et la bouche psalmodiant une mélodie inconnue. Que faire Monseigneur !
Parce qu’enfin, supposons que Monsieur de SALIGNAC surgisse impromptu, et voici une carrière s’annonçant brillante, peut être à tout jamais brisée.
D’autre part, à le sortir brusquement de sa méditation transcendantale ! Nous risquions l’accident. Après réflexion, nous fumes quérir Messire DUPUY, vous connaissez sa force. Avec son aide bienveillante, nous attrapâmes le plus délicatement du monde l’ensemble, et le remîmes au sol dans une position plus confortable pour notre ami.
Réunion d’état major tenue au pied levé, décision fut prise de le laisser seul jusqu’à son réveil. Revenu en éclaireur quelques minutes plus tard, j’eu la joie de le trouver s’amusant avec son petit jouet. Vous savez Monseigneur, celui qui fait MEU-MEU … lorsqu’on le retourne.
Ouf ! Nous avions frôlé l’incident grave.
Mardi 
Sur les dix heures, j’étais en mon cabinet, toujours à fouailler durement mon étude sur la désodorisation des liquides de nettoyage.
Lissage fait, j’allais conclure en me résumant.
Entre une de nos jeunes copistes, vous savez Monseigneur, l’une de ces gentes filles qui tout le jour avec ardeur mettent à propre la prose dont les abreuve notre distingué Herr Von GGERARTH. Heureuses enfants, elles font ainsi leur purgatoire en ce bas monde.
Je vis bien à la mine de cette belle enfant qu’une affaire grave était encore en passe de m’assaillir. Je n’eus même pas le temps de replier mon cher travail, ma chère étude, que ma vielle carcasse, véhiculée par ce juvénile ouragan, fut promptement arrivée chez nos Dames CANNOU et RAQUELIN, à peine remis de cette tornade,
(Rendez-vous compte Monseigneur, je n’eus même pas le temps de saluer au passage Maître GICQUEAU, croisé au détour du chemin. Que va-t-il en penser ?).
Ces Dames me mirent incontinent, dans la confidence de leur cruel embarras. Jugez en : "Dans 10 minutes va débarquer ici une pleine diligence de nos Messieurs de Paris. Tous hommes importants bien sur. Ils viennent débattre céans d’une sombre histoire de tunnel en pays africain". Monsieur le Duc n’est pas prévenu, Monsieur le Duc est introuvable ! C’est le pot au noir ! Trouvons le !
Vous me connaissez, en pareille situation mon sang ne fit qu’un tour, et je pris derechef la situation bien en mains. Courons au logis de Monsieur le Marquis de CHAPELAT. Nous y fûmes, Monsieur le DUC de Saint SIMON y faisait les cent pas tout en dictant des mémoires au révérendissime Frère DEOTTI, il était retrouvé !
Mercredi 
Vous le savez, je suis mitoyen avec la "Secrétairerie" d’Etat Vaticane aux affaires spéciales. Grand bruit ce matin en ce lieu qui ne devrait être que de recueillement. Enfin ainsi va le monde maintenant.
Son Eminence révérendissime le cardinal de ROSSIFIANGE a eu une grave altercation avec son vicaire général Monsieur l’abbé de ROUFIGNOL.
Figurez-vous que Monsieur le cardinal est parti, l’autre jour en grand équipage, porter la bonne nouvelle à ses ouailles autoroutières du coté de Dôle. Le pauvre est rentré à l’évêché après une dure journée, la minuit passé. Il nous a raconté avec force détails tous les ennuis et avatars de la longue, très longue journée. Le mauvais temps, la neige qui l’a bloqué au retour, de longues discussions théologiques à l’heure de midi devant un repas ascétique.
Monsieur l’abbé ne l’a pas entendu de cette oreille et s’est mis à lui remontrer qu’il en avait assez d’entendre de telles sornettes, qu’il était bien sûr que le repas ascétique de midi …..oui…..bon….on connaît.
Je n’ai pas supporté d’en entendre plus. J’avais une affaire de piquets de terre à mettre au point avec Othello le Maure de Venise. J’ai donc profité de l’occasion pour aller la régler. Mal m’en a pris, je suis revenu bredouille Je ne sais toujours pas si les piquets, que j’ai commandés pour Monsieur le Cardinal sont ceux qu’a reçu Monsieur de la FOULONIERE et qu’il a fait transporter à notre château de Massy. Ou alors, si ceux qui sont à Massy sont ceux que vous-même, Monseigneur aviez commandés pour votre affaire du Cameroun et qui sont partis au Zaïre. Il est tout de même ennuyeux que les piquets de Monsieur le Cardinal de ROSSIFIANGE, auxquels est attachée une indulgence plénière, soient en train de se promener chez les païens. Encore une chose à éclaircir à votre retour.
Jeudi :
Rien de remarquable Ah si, j’allais oublier : Il ne m’a pas été possible non plus de terminer mon étude. Un va et vient incessant à mon cabinet m’en a empêché.
Vous savez ma discrétion d’une part et vous savez aussi, qu’atteler à une étude aussi importante que celle de la désodorisation, il faut vraiment des circonstances graves pour me dissuader d’y mettre fin.
Et pourtant dix fois dans la journée ! Que dis je dix fois, peut être vingt, Monsieur le Marquis du CHAPELAT est venu "conciliabuler" à voix basse avec le Herr Doktor Von GGERARTH.? Optique sûrement me dis-je.
Las Monseigneur ! Détrompez vous, à force de prêter l’oreille (je sais, ce n’est pas beau, je m’en confesserais à Monsieur le Cardinal), à force de prêter l’oreille dis-je, j’ai fini par entendre un mot à consonance de "F". Je n’ai pas voulu m’en rendre à l’évidence de suite, mais il a bien fallu que j’y vienne.
Je vous le donne en mille Monseigneur, voilà bien la chose la plus étonnante :
Ces Messieurs parlent de "Femmes" !
Encore une affaire dont il va falloir que vous vous occupiez à votre retour. Un sermon de Monsieur le Cardinal me parait indispensable.
Monseigneur, passez de bonnes fêtes et croyez moi de votre Seigneurie le très humble et très obéissant serviteur.
 
Glossaire
Wissalien   
Habitant de Wissous
Monseigneur de la BOUVIÈRE             
Jean Félix BOUVIER, Ingénieur à la Pose
Monseigneur de la FOULONNIÈRE
Patrick FOULON, Ingénieur au Raccordement
Monsieur de BRUNEAU                      
Claude BRUNEAU Chargé des devis et facturations
Monsieur de SALIGNAC                       
Robert NICOULEAU Chef du Service Raccordement
Messire DUPUY                                
Jacques DUPUY Chef de chantiers Raccordement
Herr Doktor Von GGERARTH        
Jean-Luc GEERAERT, Ingénieur au Raccordement
Dame CANNOU
Martine RANNOU, secrétaire
Dame RAQUELIN
Solange CAQUELIN, secrétaire
Maître GICQUEAU                       
Alain GICQUEAU, Ingénieur aux Installations
Marquis de CHAPELAT                 
Michel CHAPELAT, Ingénieur à la Pose
Duc de SAINT-SIMON                     
Jacques SIMON, Ingénieur  à la Pose
Frère DEOTTI                                 
Guillaume DEOTTI, Piqueteur
Cardinal de ROSSIFIANGES     
Henri ROUFFIANGES, Chargé des chantiers 'Transports"
Abbé de ROUFIGNOL                 
Guy ROSSIGNOL, Technicien au Raccordement
Othello le Maure
Antoine SCOTTO D'ANIELLO, Technicien au Raccordement
 
                                        
 
 

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