Vie et activités de Myron LEBEDINSKY
Les documents de cette contribution nous ont été communiqués par Michèle ULLRICH, née LEBEDINSKY, que nous remercions vivement.
Ils retracent le cursus professionnel, les inventions techniques et l’action, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, de Myron LEBEDINSKY.
Bernard MARC
Messieurs,
Nous sommes réunis ici, dans ce laboratoire, pour fêter un de nos meilleurs camarades, Monsieur LEBEDINSKY, qui vient d’être promu Chevalier de la Légion d’Honneur. C’est avec une joie profonde que j’ai appris cette distinction. Je l’avais réclamée pour notre ami, il y a déjà longtemps. Je l’avais réclamée pour l’Ingénieur en Chef LEBEDINSKY, non point en raison des services éminents qu’il n’a cessé de rendre à la technique française des télécommunications, mais en raison de son comportement dans une opération de guerre, dans cette extraordinaire affaire KELLER que vous connaissez tous, et dont nous évoquions l’autre jour encore les émouvantes péripéties.
Si nous devions donner des numéros par ordre d’entrée en scène aux divers techniciens qui nous aidèrent à créer la source K, Myron LEBEDINSKY aurait le numéro 3, après René SUEUR et Robert KELLER. Le premier nous assistait de son incomparable virtuosité dans la technique des amplificateurs, le second de son extraordinaire maîtrise sur les câbles. Cependant, la conjonction de ces deux éléments ne suffisait pas encore à résoudre le problème. René SUEUR avait établi le projet des amplificateurs à grande impédance d’entrée qui nous étaient nécessaires. Il en avait calculé les éléments de telle sorte que leur insertion sur les circuits des câbles Paris-Metz et Paris Strasbourg demeura indécelable aux stations de mesures.
Il avait étudié les précautions à prendre pour que ces matériels présentent les plus sérieuses garanties de sécurité et de bon isolement et qu’aucun accident ne puisse compromettre le fonctionnement des installations. Mais ce travail fait, il restait à construire dans le plus grand secret, la totalité de ces amplificateurs.
Nous ne pouvions charger de ce travail nos laboratoires des P.T.T., car une construction aussi spéciale, faite dans un service ouvert à de nombreux techniciens, aurait soulevé mille questions indiscrètes. Malgré notre désir de réduire au strict minimum notre équipe, nous dûmes reconnaître la nécessité de faire entrer dans notre jeu un nouveau complice que nous devions choisir parmi nos amis les plus sûrs de l’industrie.
Tout de suite, René SUEUR me proposa Monsieur LEBEDINSKY. Je le connaissais déjà. Je m’étais confié à lui pour relever notamment les caractéristiques des répéteurs de campagne utilisés par la WEHRMACHT. Je savais les sentiments de Monsieur LEBEDINSKY pour l’occupant. J’avais foi dans son patriotisme, son courage, sa loyauté. Je savais enfin qu’il appartenait à une société, la S.A.T., où nous ne comptions que des amis.
J’hésitais cependant. Pouvions-nous vraiment demander un service aussi périlleux à un technicien de haut grade, sur lequel pesaient déjà de lourdes responsabilités industrielles ? En acceptant de prendre à sa charge la construction d’un matériel aussi compromettant, Monsieur LEBEDINSKY n’allait-il pas mettre en danger non seulement lui-même et les siens, mais aussi ses propres collaborateurs, ses ouvriers, peut-être même la Société Anonyme des Télécommunications tout entière ? Les encouragements de SUEUR me décidèrent. Je garderai toujours le souvenir de la spontanéité avec laquelle Myron LEBEDINSKY nous déclara qu’il acceptait de prendre tous les risques. S’il arrivait des malheurs, il saurait bien dégager ses amis en gardant pour lui seul toute la responsabilité de concours qu’il nous offrait.
Ainsi nous n’avions pas frappé en vain à la porte de la S.A.T. Son Ingénieur en Chef, son Laboratoire d’Etudes, ses Ateliers étaient désormais à notre disposition pour réaliser clandestinement le matériel dont nous avions un si impérieux besoin. C’est par la S.A.T., grâce à Myron LEBEDINSKY que la source K fut dotée des amplificateurs qui livrèrent pendant près de six mois à nos services les secrets les plus étonnants de la machine de guerre allemande.
Plus tard, lorsque le source K fut découverte par la WEHRMACHT, en décembre 1942, Myron LEBEDINSKY donna une nouvelle preuve, plus éclatante encore, de sang-froid et de courage à son poste, alors qu’il savait son matériel entre les mains de la GESTAPO, et que seul le protégeait d’une perte certaine, comme il protégeait SUEUR, le mutisme acharné de l’héroïque KELLER.
Arrêtons-nous un instant, au milieu de notre fête d’aujourd’hui, sur le souvenir de ce martyr et sur celui de ses compagnons, Laurent MATHERON, Pierre GUILLON, Gérard GRIMPEL. Ils ont payé de leur vie la gloire d’avoir participé, face à l’ennemi, à l’un des épisodes les plus extraordinaires - le plus sensationnel, je crois - de la grande bataille de nos services de renseignements. Ce tribut, qui a été pour nous si lourd, a paru bien maigre, croyez-moi, aux yeux de l’ABWEHR et de la GESTAPO. Nous avons retrouvé quelques-uns des fichiers établis par elles sur cette affaire. Les services allemands de contre-espionnage s’usèrent les dents sur les cloisonnements infranchissables qui séparaient tous les participants des divers rouages de notre organisation, du plus petit au plus grand, qu’ils aient été techniciens des P.T.T., opérateurs d’écoute, agents de liaison, ou officiers de renseignements chargés des transmissions aux réseaux alliés.
La source K, Messieurs, n’étaient pas une affaire d’amateurs. Si elle a été, malgré son caractère éphémère, une des plus étonnantes réussites de la guerre secrète, c’est parce que des hommes éminents, des Français d’une valeur exceptionnelle comme celui que nous fêtons aujourd’hui, n’hésitèrent pas à lui prêter leur concours. A la base, héroïques et obscurs, nous trouvons des ouvriers des lignes souterraines à grande distance, des facteurs, de modestes cheminots, des cuisiniers de wagons-lits. Mais à la tête, ce sont les meilleurs officiers de notre S.R., aux postes d’écoute, ce sont des interprètes de grande valeur, dont certains agrégés d’allemand, qui servent les amplificateurs construits dans cette maison. Et, quant aux techniciens, je vous laisse juge en citant seulement à nouveau ces trois noms : KELLER, SUEUR, LEBEDINSKY.
La Légion d’Honneur de Myron LEBEDINSKY, cette Légion d’Honneur que l’Ingénieur en Chef de la S.A.T. a gagnée dans une opération de guerre, a pour moi une grande valeur d’enseignement. Elle montre que le grand secret de la Résistance française, le secret de son étonnante efficacité, de sa puissance incomparable, a résidé dans l’adhésion spontanée d’une élite au combat de la Libération dans laquelle toute la masse profonde de notre peuple s’était instinctivement engagée. C’est pour avoir fait partie de cette élite et pour avoir mené la bataille au poste où ses talents de technicien l’avaient placé que Myron LEBEDINSKY a bien gagné sa Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Edmond COMBAUX
Mon cher ami,
Mesdames,
Messieurs,
Monsieur le Colonel COMBAUX vient d’évoquer un épisode des heures immortelles de résistance active à l’oppresseur étranger. Je voudrais montrer que cet évènement avait des racines profondes, qu’il ne faudrait pas le considérer comme un fait isolé, et qu’il s’intègre naturellement dans une carrière qui l’avait préparé.
Reportons nous aux années qui suivirent immédiatement la Première Guerre Mondiale. Tout était à créer en France dans le domaine des Télécommunications. On vit alors des pionniers, armés de leur seul enthousiasme juvénile, se mettre à l’œuvre avec des moyens précaires, en butte aux intrigues, bravant les doutes, forts seulement de l’appui que leur prodiguaient quelques ingénieurs fervents de l’Administration des P.T.T., impatients comme eux de secouer les tutelles étrangères. Vous fûtes, mon cher ami, de cette première vague, de ces mêlées confuses ; mais la victoire aime sourire aux jeunes, les trophées suivirent et le Français put bientôt montrer à l’étranger étonné jusqu’où pouvait atteindre une intelligence de choix, au service d’une volonté que rien ne peut détourner de ses fins. Faut-il rappeler quelques-unes de vos réalisations ? Le filtre à inductance mutuelle qui d’emblée nous classait et nous donnait l’indépendance ; tous les perfectionnements apportés avant-guerre au matériel d’équipement et qui sont marqués à la fois par un sens aigu des nécessités d’exploitation et s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, par une espèce de divination du progrès de telle sorte que chaque développement s’articule dans le précédent et prépare le suivant.
Nous arrivons à l’étape 1941, décisive celle-là, puisque vos initiatives, encouragées par l’Administration, portèrent le matériel SAT à l’avant-garde où sont venus le rejoindre tous les matériels qui ont été normalisés depuis en s’inspirant de lui. Encore un autre pas dans cette technique qui évolue sans cesse et vos équipements pour voies porteuses surprennent l’Américain pensif, cependant que votre esprit court déjà vers d’autres objectifs.
Je n’oublierai pas la pléiade de collaborateurs que vous avez groupés et à laquelle je me fais un plaisir de rendre, dans cette salle où ils travaillent, l’hommage qui leur est dû.
Si maintenant, par-delà le technicien, je cherche l’homme, je vous dirai, mon cher ami, que semblable en cela à beaucoup, vous cachez sous une brusquerie de surface, un cœur loyal, vibrant et sensible. Je vous revois, au cours de ces mois néfastes, que l’on voudrait effacer à jamais du livre de mémoire, devant cette carte suspendue dans mon bureau en mai 1940, quand ensemble, nous cherchions tous les jours des raisons d’espérer. Vous pleuriez littéralement sur les malheurs de la France, vous souffriez dans votre corps et dans votre âme.
Brusquement s’ouvrait devant vous le gouffre qui pouvait engloutir notre vieille civilisation française, si universelle, si humaine, et dans laquelle toute personne bien née, se retrouve et se développe. Confident de vos pensées les plus secrètes, j’ai pu apprécier la pureté de votre patriotisme. Aux heures les plus sombres, lorsque la fortune semblait être la complice de l’Allemand ébloui, vous n’avez jamais douté du salut du pays.
Et c’est ainsi que l’appel de septembre 1941 vous trouva prêt, techniquement et moralement. Vous y répondîtes avec fougue, non sans avoir mesuré, par habitude professionnelle, tous les risques de l’entreprise. Vous avez servi la France tout court, parce que c’était la France.
Nous pouvons aujourd’hui donner votre œuvre et vos "gestes" en exemple à la deuxième génération des télécommunications, en y associant, cela va de soi, tous ceux qui ont participé à cette épopée.
Et puisque tout accomplissement est le fruit de la méditation solitaire, arrêtons-nous un instant, loin du tumulte. C’est pour nous asseoir, permettre à monsieur le Corps de se reposer et couper court à toute rébellion contre l’esprit qui l’anime ; c’est pour ordonner nos pensées ; c’est pour écouter les échos des grandes voix du passé. L’une d’elles nous est particulièrement familière, quoique distante à la fois. Je crois entendre "le géomètre qui n’est jamais que géomètre" (PASCAL), nous avons compris et nous transmettrons votre message à ceux qui nous suivent.
Précisément cette cérémonie met tout naturellement en relief et donne comme modèle, cette conjonction des qualités professionnelles et des qualités morales, qui font que le technicien, dépassant sa technique, cultive les qualités du cœur et se dévoue, en toute indépendance, dans le cadre des disciplines intellectuelles, aux causes qui le dépassent. Nous avons le privilège insigne de pouvoir donner l’exemple en même temps que le précepte, votre exemple, mon ami.
Heureux qui, comme vous, a pu appliquer tout cela, au cours d’une carrière, dont nous ne célébrons aujourd’hui qu’une étape, mais dont le couronnement remis à bien plus tard, pourra se parer de fleurons nouveaux, qui sont le secret de l’avenir.
NDLR. Un seul des signataires figurent dans les fichiers de la SAT dont nous disposons (Marie-Louise BILLION N° d'entrée 119). En effet, curieusement, lors du décès d'un collaborateur, son nom était supprimé des listings informatiques qui ont été établis à partir de la fin des années 1950 et, malheureusement les plus anciens en notre possession datent de 1982. Les anciens qui auraient connu des signataires sont priés d’en faire part via le site. Merci.
Les documents suivants concernent l’élévation de MYRON LEBEDINSKY au grade d’Officier de la Légion d’Honneur, le 2 septembre 1954. Ils correspondent aux discours prononcés et aux témoignages portés lors de la cérémonie de remise de la décoration, le 2 février 1955.
Document 10
Lorsqu’en 1948, à titre militaire, le ruban rouge et une Croix de Guerre avec palme sont venus récompenser de brillants états de service dans la Résistance, j’ai pensé qu’un jour, il serait du devoir de L’Administration que vous servez fidèlement depuis plus 30 années, de vous élever dans la hiérarchie de la Légion d’honneur.
Ce jour est enfin venu et c’est votre carrière administrative que j’évoquerai aujourd’hui. C’est celle d’un grand technicien et d’un serviteur de la technique française.
Vous avez débuté dans la téléphonie en 1923 par une invention, celle d’un signaleur, première pierre d’un édifice important d’invention.
Attaché à GRAMMONT en 1924, vous avez participé à l’établissement de la technique française sur les premiers câbles à grande distance Paris-Le Havre et Paris-Lille et en 1928, vous dégageant des techniques américaines et allemande, vous mettiez au point un répéteur 2 fils et des équilibreurs originaux à inductances mutuelles.
Une Société française et sa technique personnelle était née, sur laquelle l’Administration allait s’appuyer sans cesse pour l’établissement de son réseau à grande distance sur des bases économiques raisonnables.
En 1932, avec le câble Paris-Rennes, la S.A.T. subissait victorieusement les attaques des firmes étrangères contre sa propriété industrielle, cela grâce à vos inventions et votre persévérance dans leur mise au point industrielle.
Répéteurs 2 fils, signaleurs, formes mécaniques nouvelles, matériel type 42, 44 et enfin 51 L jalonnent votre carrière d’inventeur et d’industriel en même temps que des étapes d’économies nouvelles pour l’Administration.
C’est une des caractéristiques de votre carrière à laquelle j’associe vos Directeurs, en leur rendant hommage, d’avoir su toujours répercuter sur l’économie générale des systèmes, une part raisonnable du bénéfice de vos inventions et de vos méthodes de fabrication.
Et si je peux me permettre cette image, cette répercussion, terriblement dynamique, ressemblait souvent à un engin précieux mais délicat que vos amis devaient manier en artificiers consommés.
En saluant votre carrière féconde et toujours prometteuse, je rends aussi hommage à votre activité, déployée sans ménagement de votre santé et je suis heureux de vous féliciter d’un rétablissement rapide, témoignage d’une vitalité exceptionnelle que l’Administration espère mettre souvent à contribution.
Mon cher ami, la rosette qui ornera votre boutonnière sera une des mieux placées que je connaisse ; en vous honorant, elle s’honorera également.
Elle honorera également la famille que vous avez su fonder sur notre sol français et particulièrement Madame LEBEDINSKY votre compagne dévouée.
Elle honorera enfin votre Société qui a su s’associer un collaborateur tel que vous.
Au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs des…
Depuis la Libération du territoire Monsieur LEBEDINSKY, Directeur Technique de la SAT a tenu un rôle de premier plan dans les Télécommunications Françaises, poursuivant ainsi sa tâche de pionnier dans ce domaine.
En 1945, il ramène à Paris son industrie transférée en 1939 (NDLR, en réalité 1940) à Montluçon, à la demande des PTT. Il y conduit la fabrication du matériel d’équipements des lignes souterraines à grande distance destiné à la reconstruction du réseau. Il arrive ainsi à fournir en un temps record, 39 % des équipements reconstruits, en même temps qu’il en dirige l’installation dans les centres d’amplification du réseau souterrain. A l’origine de ces équipements, on trouve d’ailleurs, un matériel dit "type 44" dont la conception mécanique revient entièrement à Monsieur LEBEDINSKY et qui procure au Ministère des PTT des avantages considérables de réduction d’encombrement et de simplicité d’installation. En 1948, M. LEBEDINSKY dont la santé a été compromise par l’effort fourni est contraint à un repos de 6 mois.
En 1949, il reprend ses études de création de matériels qui aboutissent en 1951 à la présentation à l’Administration des PTT d’équipements de synthèse, très concentrés, très originaux, de fabrication et d’installation extrêmement commode. Ce matériel, qui apporte une véritable révolution dans les principes d’installation et d’exploitation des centres d’amplification, est normalisé en 1951 sous le nom de "51 L", moins coûteux que le matériel 44. Il apporte des baisses de prix substantielles qui s’échelonnent de 7 à 27 % suivant le type d’appareil considéré.
L’adoption de ce matériel dans les derniers marchés du programme d’infrastructure, permet d’effectuer 250.000.000 (fr) d’économie; la station de Casablanca, objet d’une commande de 492.000.000 (fr) est d’ailleurs de 17,5% meilleur marché en matériel 51 L qu’en matériel 44. M. LEBEDINSKY, jusqu’à présent a donc permis au Ministère des PTT d’économiser 330.000.000 (fr) environ grâce l’effort de recherche qu’il a poursuivi er dont il a rendu l’Etat bénéficiaire.
C’est de plus, en grande partie, grâce à son effort et à celui de sa Société que le matériel d’équipement des câbles coaxiaux du programme d’infrastructure, conçu électriquement par le Service des Recherches et du Contrôle Technique des PTT, a pu être développé industriellement en un temps record et fabriqué sous une forme des plus modernes, des plus simples et des moins coûteuses.
A ce jour, 41 % des équipements du réseau coaxial ont été fabriqués par la SAT sous la Direction de M. LEBEDINSKY.
Animateur et inventeur de classe internationale, M. LEBEDINSKY a mis la disposition du patrimoine national, 52 brevets portant sur des dispositions électriques et mécaniques originales, largement utilisées dans les équipements français ; 37 de ces brevets sont accordés à l’étranger (USA, Grande-Bretagne, Hollande, Allemagne, etc…). Outre les usines de fabrication de la SAT, il conduit un laboratoire de recherche de 100 personnes dont 40 ingénieurs.
Infatigable dans son effort de création, il vient d’établir un atelier modèle de taille de résonateurs à quartz et de montage des filtres et oscillateurs à quartz grâce auquel les exigences techniques des matériels modernes ont pu être satisfaites sur le plan industriel.
Depuis 1949, il monte progressivement et de toutes pièces un laboratoire de recherche sur les faisceaux hertziens, les résultats de qualité qu’il en a déjà obtenu viennent de conduire le Ministère des PTT à prononcer l’agrément de la SAT comme fournisseur dans ce domaine. (Voir la contribution à venir sur l’entrée de la SAT dans les faisceaux hertziens et les accords avec la CSF et la THOMSON).
Enfin, la notoriété industrielle et technique de sa Société vis-à-vis de l’étranger, a conduit la SAT à être bénéficiaire d’un accord technique avec une Société Italienne, la SIRTI, qui reçoit l’assistance technique française à ce titre.
En dépit des responsabilités dont il avait la charge comme Directeur d’une grande Société Industrielle, a accepté sous l’occupation, la mission extrêmement dangereuse de réaliser pour notre service de renseignements le matériel d’amplification des stations d’écoute clandestine qui furent mises en place sur les câbles souterrains à grande distance Paris Metz et Paris-Strasbourg.
A permis ainsi de doter pendant de longs mois les Services de Renseignements français de deux sources d’information de valeur incomparable.
Demeuré à poste après la découverte des installations par la Gestapo allemande, a donné une preuve éclatante de courage et de patriotisme.
Officier de la Légion d’honneur depuis le 2 septembre 1954
Que conclure de ces documents ? Bien sûr les éloges sont de rigueur dans les circonstances où les allocutions ont été prononcées. Mais la convergence des témoignages exprimés et les précisions qu’ils comportent conduisent naturellement aux réflexions suivantes :
La SAT a été l’œuvre initiale de deux personnalités hors du commun :
Léon PARCÉ a été l’âme de la création de la Société d’Applications Téléphoniques. Ses succès techniques et industriels chez GRAMMONT sur les câbles à Longue Distance ont conduit les PTT à l’imposer comme le responsable des commandes que le Ministère se proposait, sous cette condition, de passer avec GRAMMONT. C’est vraiment là l’origine de la SAT en 1932.
Mais à cette époque, GRAMMONT avait également développé une activité dans le domaine des équipements associés aux câbles pour réaliser des liaisons téléphoniques. Myron LEBEDINSKY était déjà à ce moment, l’esprit qui inspirait les réalisations et le moteur des innovations.
Les deux hommes se connaissaient. Ils avaient eu tous les deux la vision de la nécessité d’associer câbles et équipements. Ce sera la base de l’activité de la SAT dans le domaine des Télécommunications. Cette situation était sans doute liée au fait, qu’à l’époque, la conception des équipements de transmission dépendait étroitement des caractéristiques de câbles électriques et que l’optimisation des équipements ne pouvait survenir que d’une maîtrise de l’ensemble. (Il n’en est sans doute plus de même aujourd’hui avec la fibre optique, milieu de transmission "transparent" sur une large gamme d’utilisations). Les deux hommes s’accordaient sur cet objectif.
De formation et de caractère très différents, mais soucieux tous les deux de l’avancée de la technique et de l’intérêt général, ils étaient faits pour s’entendre. Une amitié indéfectible en fut le résultat. Ce fut, jusque la fin, dans cette continuité de pensée, que la SAT trouva ses réussites techniques. Cette amitié est sans aucun doute également à l’origine, avec le soutien des collaborateurs éminents dont les deux hommes surent s’entourer, de "l’esprit SAT" qui a perduré jusqu’à la fin de la Société et dont les témoignages que nous recueillons sur le site se font l’écho.
Bernard MARC