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Contribution de N°43 - La carrière de Guy CHAMPONNOIS

 La carrière de Guy CHAMPONNOIS 

(Synthèse des contributions d’anciens collègues)

Christian FAYARD  (CNET)
Bernard CHRISTOPHE  (SAT)
Alain DELTEIL  (SAT)
Jean-Louis LAVOISARD (SAT)
1 – En bref
 
Guy CHAMPONNOIS nait le 20 octobre 1930 à Paris 12ème. Il termine ses études avec le diplôme d’Ingénieur en électronique de l’Ecole Spéciale de Mécanique et d’Electricité (SUDRIA).
Il travaille de 1955 à 1956 comme ingénieur de recherche dans un laboratoire de la Radiotechnique à Suresnes).
De 1956 à 1966  il est Chef de laboratoire au Centre National d’Etudes des Télécommunications (CNET) à qui est confiée la réalisation des équipements scientifiques destinés au satellite FR1.
En 1966, il entre à la SAT où il prend en charge la gestion des programmes de télémesure spatiale en plein développement pour l’ESRO qui deviendra l’ESA.
Après 1975 et l’abandon de cette activité par la SAT, Guy CHAMPONNOIS prend en charge la gestion de différents programmes de la Division 4 dirigée par Pierre LAMELOT. Au gré des évolutions de l’organisation de ces activités, il est à la tête du Service de gestion GEPr (1980 à 1985) puis du Service ATIC (gestion Administrative, Technique, Industrielle et Coûts) en 1986 qui devient ATICQ en 1988 avec la prise en compte de l’Assurance Qualité.
Enfin en 1990, il devient Directeur de Gestion de la DOD (Division Optronique et Défense) dirigée par Bernard CHRISTOPHE. Il a alors en charge la comptabilité analytique, les prévisions budgétaires, les calculs des prix et des coûts et la gestion du personnel administratif jusqu’à son départ de la SAT qu’il quitte la SAT en 1994
De 1995 à 2011 Guy CHAMPONNOIS fait partie de l'EGEE (Entente des Générations pour l’Emploi et l’Entreprise) association de bénévoles à vocation économique à caractère social, où il rejoint d’ailleurs d’autres retraités de la SAT. C’est dans le domaine des démarches qualité à fin de certification de type ISO 9000 et ISO 14001 (environnement) qu’il effectue 20 missions auprès de PMI/PME et d’associations. Il y participe également à des audits d’évaluation et à la formation des créateurs d’entreprises.
 
2 – Le CNET et le satellite FR1
 
Il entre au CNET au moment où celui-ci se voit confier la responsabilité de l’expérimentation scientifique objet du satellite franco-américain FR1 dont la mission était l’étude de la propagation des ondes TBF au dessus de 100 km. Pour cela  il fallait mesurer, au-dessus de l’ionosphère, l’intensité et la direction de propagation d’ondes TBF émises par de puissants émetteurs au sol, utilisés normalement pour les communications à très grande distance (sous marins en plongée par exemple) .Il fallait donc construire, dans les conditions imposées par le lanceur (fusée Scout mise à disposition par la NASA) : masse, dimensions, stabilisation par rotation mais aussi conditions environnementales au cours du lancement (accélération, vibrations).
Guy CHAMPONNOIS est placé par Christian FAYARD, l’un des trois membres du Comité directeur du projet, à la tête d’une équipe de jeunes très motivés, animés du désir de résoudre tous les problèmes techniques et technologiques nouveaux. Il a la responsabilité de la partie électronique de ce qu’on appelle « l’équipement scientifique », embarqué d’abord à titre expérimental sur des fusées, puis sur le satellite conçu en France avec les conseils de la NASA.
Sa passion depuis son très jeune âge était l’électronique, il trouve donc, l’occasion de la satisfaire, avec enthousiasme, dans ce qui constituait alors l’aventure de la conquête spatiale comme on appelait cela à l’époque. On ne disposait en effet que de moyens rudimentaires pour concevoir des équipements électronique qui devaient avoir une consommation électrique très faible, tenir peu de place, et fonctionner dans un environnement redoutable et mal connu. Dans cette partie de sa carrière, il a eu un rôle de défricheur, tout était à inventer. Le transistor ne s’utilisait que depuis quelques années, les premiers appareils qu’il a faits pour la fameuse expérience étaient encore avec des tubes électroniques. Mais à cette époque, il passait beaucoup de temps en blouse dans ses labos avec ses techniciens à essayer, changer, casser, refaire jusqu’à ce que ça marche. Il était opiniâtre et faisait preuve d’un grand sang froid.
 
 
Que ce soit au laboratoire ou sur les champs de tirs français et américains où la tension des opérations était souvent extrême, une fois celle-ci passée, il savait mettre l’ambiance dans des équipes très souvent multiculturelles..
Pour tenir les délais et dans des domaines où aucune expérience n’existait en France, des commandes ont été passées à des firmes américaines. Ces firmes furent invitées à conclure des accords avec des industriels français et il s’en suivit plusieurs collaborations qui s’avérèrent fécondes. Le satellite FR1 fut l’occasion pour la SAT de se lancer dans cette aventure en se familiarisant avec les technologies spatiales. Des contacts furent pris avec des constructeurs américains fournissant les équipements correspondant aux domaines auxquels la SAT s’intéressait. Il s’agit notamment pour les piles solaires de SPECTROLAB-HELIOTEK et pour la télémesure de WEC (WESTINGHOUSE ELECTRONIC CO). Quelques ingénieurs SAT visitèrent le GFSC (Goddard Flight Space Center) et furent assistants en France de ces constructeurs pour le générateur solaire et l’équipement de télémesure PFM.
 
3 – Premiers pas à la SAT
 
Guy CHAMPONNOIS entre à la SAT au moment où celle-ci ayant commencé à se diversifier en reprenant en 1958 les établissements Jean TURCK étend ses activités dans le domaine infrarouge et aéronautique « louche » vers l’espace.
Un équipement de télémesure PCM pour ballon-sonde vient d’inaugurer l’utilisation des nouvelles techniques numériques et un nouveau mode d’assemblage des composants. Un petit groupe d’ingénieurs se propose de répondre à un appel d’offre de l’ESRO pour le système de télémesure du satellite ESRO 1. Pierre LAMELOT, toujours passionné de technique donne son feu vert : « Allez-y, si ça vous amuse ! ».
La proposition est retenue et la SAT doit sous-traiter, deux émetteurs à SUD AVIATION et un enregistreur magnétique de bord à LEC (LOCKHEED ELECTRONIC CO ) et étudier et fabriquer un codeur de télémesure PCM très original par l’utilisation de circuits logiques intégrés fonctionnant en régime pulsé (1/32 du temps de manière à conserver une faible consommation moyenne ! La gestion des contrats correspondants est assez lourde et augmente encore lorsque l’ESRO renouvelle son choix de la SAT pour le satellite HEOS.
Pierre LAMELOT, lui confie alors la gestion de ces contrats ainsi que la coordination des activités d’achats de composants, production des composants SAT spéciaux (câblages imprimés, quartz, condensateurs mica, inductances sur noyau ferrite, …) et de poduction par l’atelier spatial qui est mis en place.
S’enchainent alors les contrats correspondant aux satellites HEOS, TD1 et TD2, de l’ESRO, METEOSAT pour le CNES, et le satellite de télécommunication franco-allemand SYMPHONIE.
Il n’est plus directement en contact avec la technique, mais le soin et l’efficacité dont il fait preuve à l’occasion de ces projets sont remarqués par tous et vont orienter la suite de sa carrière. La coordination des activités le conduit à arbitrer entre divers intervenants, tâche qu’il mène à bien discrètement, sans jamais heurter ses interlocuteurs, et toujours avec le sourire. Il ne parle que très rarement de lui et beaucoup ignoreront ce qu’il avait fait avant d’entrer à la SAT !
 
La qualité des études et la coordination de la réalisation sont telles que tous ces projets s’avéreront des succès, avec mise en orbite et durée de vie des équipements supérieures aux attentes. Il en résulte un accroissement de la notoriété de la SAT. Pourtant en 1975, la SAT va se retirer de ces activités. Une des raisons est la part trop importante de l’industrie française (AEROSPATIALE, MATRA) dans les projets de satellite scientifiques ou de télécommunications qui entraîne l’obligation d’accorder à d’autres pays la production des équipements électroniques. D’autre part les codeurs de télémesure, sont remplacés peu à peu par des capteurs numériques associés à un calculateur central.
Pierre LAMELOT charge alors Guy CHAMPONNOIS de la gestion des programmes infrarouges, en pleine croissance, qui nécessitent d’ailleurs rapidement un déménagement de certains laboratoires et ateliers vers Poitiers.
 
4 – Développement de sa carrière
 
Il apporte dans ce domaine, l’efficacité dont il a su faire preuve précédemment. D’humeur toujours égale, restant serein dans toutes les circonstances et n’élevant jamais la voix, il obtient de chacun le maximum de ce qui est possible. Au fil des mois, il se bâtit une discrète autorité qui en fait peu à peu le bras droit de Pierre LAMELOT. Cela se confirme quand en 1978, à l’occasion d’une réorganisation de la Direction Technique, il est nommé chef du service GEPr.
A partir de 1986, une organisation de la SAT en Branches verticales plus autonomes étant entreprise à la demande du président Pierre FAURE, Pierre LAMELOT demande à Bernard CHRISTOPHE et Guy CHAMPONNOIS de proposer l’organisation particulière des activités de la BOA (Branche Optronique et Aéronautique) qui deviendra en 1990 la DOD (Division Optronique et Défense). La connaissance très précise que Guy a des compétences de chacun facilite largement cette tâche. Sa diplomatie permet, en particulier, l’acceptation de cette organisation par une très large majorité des ingénieurs et collaborateurs.
Guy est nommé chef du service de gestion ATIC (Administration, Technique, Industrialisation, Coûts) qui regroupe toutes les activités support et devient ATICQ lorsqu’il prend en compte l’Assurance Qualité au niveau de la conception des équipements. C’est d’ailleurs grâce à son enthousiasme que la division gagnera son indépendance comptable et entrera avec succès dans l’ère de la Qualité Totale.
 
Bernard CHRISTOPHE, devenu Directeur de la DOD, nomme Guy CHAMPONNOIS Directeur de Gestion de celle-ci. Il assume alors ces responsabilités élargies avec la même efficacité. Membre du Comité de direction de la DOD, il reste accessible à tous. Comme il ne cherche pas à se faire valoir, certains le jugent un peu distant, tel ce technicien qu’il rencontre un jour et à qui, il déclare ; « Si vous n’entendez pas parler de moi, c’est que tout va bien, que vous donnez entière satisfaction ! » Pourtant, il n’hésite pas à prodiguer des conseils personnels à ceux qui lui en demandent. Lorsque, les difficultés économiques obligeront à se séparer de certains collaborateurs, c’est avec beaucoup de tristesse et d’humanité qu’il traitera ces problèmes, cas par cas.
 
Chaque année Guy présente les résultats et les perspectives économiques de la Division à la Direction Générale. C’est un grand moment de théâtre où Guy donne toute la mesure de son talent de « pince-sans-rire » et il semble même que le président appréciait son humour…
 
Quand il part en retraite, fin 1993, à l’âge de 63 ans, Bernard CHRISTOPHE tient ces propos  :
« Ton expérience, ta mesure, ton sens de l’humour, ta façon d’aborder en douceur les sujets difficiles ont permis d’éclairer nos débats et d’apprécier d’une part  toutes les dimensions humaines et d’autre part économiques des problèmes qui se posaient.
Nous garderons tous un souvenir durable de ta courtoisie et de ton efficacité. »
 
Guy était aussi un pilier de l’équipe de tennis de la SAT avec les regrettés Jacques BOULIN et Roger RUMEAU récemment disparus et on se souvient tous de son sourire de satisfaction lorsque l’équipe de la SAT battait celle de la SAGEM.
 
5 - Hors carrière 

Il a assuré pendant 30 années la présidence du Tennis Club de Courseulles où il possédait une résidence secondaire et en était encore le président d'honneur. Mais il eut aussi l'occasion de rencontrer sur les terrains de golf quelques anciens collègues !
C'était un homme très cultivé, amoureux de la musique classique et très féru de cinéma.
Ses amis appréciaient sa conversation qui embrassait de larges horizons et ressortaient de ses rencontres avec tout un programme de choses à faire, à voir ou à lire.   
 

 

 

 


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