Contribution de
N°48 - Jean Paul DUPUIS et Bernard MARCHistoire et destin de l’immeuble RÉGINA de GRAMMONT
à Malakoff
Un visiteur du site, Jean-Paul DUPUIS, se présentant sous le pseudonyme "20 kVA", nous a fait parvenir des photos de l’établissement GRAMMONT à Malakoff. Nous l’en remercions vivement. Le grand-père de Jean-Paul DUPUIS travailla à la fonderie de PONT de Chéruy, qui jouxtait la câblerie du Groupe GRAMMONT et de la SAT qui lui succéda. C’est là que Léon PARCÉ fit ses premières armes.
Après la Première Guerre Mondiale pendant laquelle ses établissements fabriquent beaucoup de munitions, GRAMMONT décide de continuer à se diversifier en créant une activité d’équipements téléphoniques de réseau. Les activités antérieures concernaient les câbles électriques, télégraphiques puis téléphoniques, les tubes radio et les équipements électriques. Ces derniers avaient été regroupés en 1919 dans une filiale : les Ateliers de Constructions Électriques de Lyon et du Dauphiné.
En 1923, les Ateliers de Construction électriques de Lyon et du Dauphiné achètent l'usine de construction téléphonique qu'une filiale de la General Electric Company de Londres avait créée à Malakoff (immeuble Régina au 11 de la rue RASPAIL). C’est là que va s’installer la filiale créée pour prendre en charge une nouvelle activité dans le domaine des équipements téléphoniques, la Société des Téléphones GRAMMONT, et que les études et la fabrication d’amplificateurs, de répéteurs et d’adaptateurs d’impédance pour les câbles à longue distance vont s’effectuer. L’âme des études est Myron LEBEDINSKY ainsi que cela a été conté par ailleurs.
Myron LEBEDINSKY dirige le laboratoire du matériel de transmission et, en plus, supervise la fabrication et les installations :
Léon PARCÉ a écrit : "Les moyens dont il disposait (Myron LEBEDINSKY) étaient encore très réduits. Malgré cette déficience la moisson fut magnifique. Myron LEBEDINSKY sut tirer tout le parti possible de sa découverte (les inductances mutuelles à couplage négatif à fuites). Il l'étendit à de nombreux appareils adaptateurs d'impédance, correcteurs de distorsion, équilibreurs de câble…
De sorte que les premiers répéteurs construits (ensuite) par la SAT se distinguaient déjà, non seulement par leur haute qualité et des schémas originaux, mais encore par un encombrement réduit obtenu par un groupement en quartes des unités de translateurs".
C'est ainsi que naît une technique française concernant les répéteurs à 2 fils avec un adaptateur d'impédance, un dispositif de contre-réaction et un équilibreur de lignes utilisant les inductances mutuelles à fuite.
En 1932, sous la pression des PTT inquiets de ses difficultés financières, le Groupe GRAMMONT est incité à créer une filiale dédiée aux câbles à quartes à longue distance, dont il a montré qu’il maîtrisait la technique et la fabrication. Mais les PTT y mettent une condition : l’équipe qui a fait ses preuves devra diriger la nouvelle société. Le Groupe GRAMMONT ayant dû entre temps abandonner l’activité de câbles à longue distance, les responsables de l’équipe ont quitté GRAMMONT. Ils doivent y revenir. La nouvelle société prend pour nom : "Société d’Applications Téléphoniques" et s’installe dans un immeuble au 41 rue Cantagrel, appartenant à GRAMMONT. C’est la première SAT.
L’équipe qui travaille dans l’immeuble Régina de Malakoff sur les équipements de réseaux téléphoniques rejoint la SAT qui a alors presque le périmètre d’activités qu’elle aura jusqu’à sa fin dans le domaine des télécommunications : câbles et équipements de réseaux.
En 1939, les PTT interviennent de nouveau dans le destin de la SAT. Il faut pérenniser la capacité technique qu’elle a acquise et qui permet de ne pas être dépendant de la technique américaine. Ils exigent qu’une société tierce prenne une part importante du capital de la SAT. Ce sera la SAGEM intéressée à se diversifier. Une nouvelle société dans laquelle la SAGEM est majoritaire est créée : la Société Anonyme des Télécommunications (SAT) dont le sigle est inchangé. GRAMMONT conservera une participation minoritaire dans la nouvelle société jusqu’en 1943.
Détail amusant, les activités dans les équipements de réseau téléphonique de GRAMMONT démarrent dans un établissement acheté à la GEC anglaise. Dans les années 1990’s, la SAT, petite fille de la Société des Téléphones GRAMMONT, coopéra dans le domaine des transmissions synchrones (SDH) avec GPT (GEC-PLESSEY TELECOM.) successeur de la GEC primitive, dans laquelle SIEMENS avait une participation importante. Retour de l’histoire ?
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L’immeuble Régina existe toujours au 11 rue Raspail à Malakoff. Il a subi des transformations et est aujourd’hui, en 2014, occupé par la société "MS Studio", spécialisée dans l’industrie cinématographique notamment pour le montage de film. Ci-dessous photo prise récemment dans la cour intérieure.
Les photos suivantes montrent une partie du panel de fabrication de GRAMMONT, les ateliers et bureaux d’études de l’immeuble Régina dans les années 1930.
La première adresse de la Société des Téléphones Grammont fut en fait le 41 rue Cantagrel au moment de la reprise des Etablissements EURIEULT. La photo ci-dessous correspond à ce qu'était dans les années 1920 la porte d'entrée du bâtiment alors nommé "Usine CANTAGREL".
Lors du transfert de la fabrication des téléphones à l'usine Régina, c'est la production des lampes FOTOS qui s'installa à cet emplacement jusqu'à l'implantation de la Société des Applications Téléphoniques ou "première SAT" en 1932 !
Cette production concerne à la fois des lampes amplificatrices pour récepteurs de radiodiffusion mais également des tubes de puissance pour émetteurs militaires et professionnels. Grammont est également le premier fabricant de lampes agréé pour la fourniture de lampes à l'administration des PTT en raison de leur fiabilité.
Lampes d'émission
L'entrée de l'usine CANTAGREL au 41 de la même rue
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