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Contribution de N°50 - Jean-Louis LAVOISARD

 Les activités "spatiales" de la SAT
 
- Souvenirs de J-L Lavoisard déjà utilisés en partie dans l'ouvrage publié en 2008 
rappelés ici à l'occasion de la commémoration du 40 ème anniversaire du projet SYMPHONIE -
 
 1 - Les débuts de la SAT dans l’ESPACE !
 
Au début des années 60, la SAT qui a déjà entrepris une diversification de ses activités dans le domaine militaire et aéronautique cherche comment elle pourrait participer aux différentes possibilités de développement que semble promettre le lancement des premiers satellites de télécommunications et la création du CNES puis de l’ESRO.
  • L’AEROSPATIALE et MATRA peuvent prétendre valablement proposer la construction des "structures" de satellites.
  • THOMSON et SAT décident rapidement de s’intéresser à l’aspect électronique des projets spatiaux.
Au départ, la SAT s’intéresse à l’aspect « télécoms » : émetteurs-récepteurs au sol, transpondeurs embarqués, antennes sol et embarquées. Mais elle se trouve, dans ces domaines-là, en face d’un concurrent de taille supérieure. Elle décide alors de démontrer sa capacité à entreprendre, en ajoutant à ses prétentions dans le domaine spatial les générateurs solaires et l’électronique de servitude (télémesure, télécommande, etc..)
Rapidement, THOMSON prend une position de monopole dans le domaine des télécommunications et la SAT abandonne ce domaine. THOMSON utilise, par ailleurs, une expérience précédente dans le domaine des télécommandes codées de sécurité pour s’en emparer. Il faut donc chercher autre chose !
 
1 - 1  Les générateurs solaires
Le laboratoire du CNRS avec lequel travaille la SAT, dans le domaine des détecteurs infrarouges 10 μm, a une petite expérience en matière de cellules photovoltaïques dont nous  achetons la licence. Ceci nous permet d’être retenus par le CNES pour réaliser un générateur solaire. Cependant pour plus de sécurité, celui-ci veut s’appuyer sur un constructeur expérimenté ; il demande à SPECTROLAB-HELIOTEK, qui fournit alors les ¾ des besoins américains, de contacter la SAT. La direction négocie avec cette société un contrat qui nous offre l’accès à toutes ses connaissances présentes et futures dans ce domaine moyennant des royalties de 5% du montant des ventes pendant 10 ans.
Les premiers contacts techniques, concernant la fabrication et le test des cellules solaires, sont établis. Il apparaît rapidement que les techniques d’assemblage, le choix des supports et des colles constituent un problème complexe ; d’autant plus que le CNES fait le choix de structures métalliques nouvelles et exige la résistance à des températures en orbite très sévères (qui ne sont pas atteintes pour les satellites alors en projet).
Il faut également installer une salle blanche (sans poussière) au 32 rue CANTAGREL, pour y réaliser l’assemblage des cellules sur les panneaux solaires : c’est un investissement important auquel la SAT doit consentir. Si l’on pressent alors des perspectives de développement de l’activité, on n’a pas une connaissance réelle du marché potentiel !
Les premières cellules solaires (2 x 1 cm) sont réalisées à Paris, mais rapidement on installe les moyens de production à Lannion. Les essais de piles assemblées et la comparaison aux étalons fournis par HELIOTEK sont réalisés à Dourdan, puis à Odeillo près de Font Romeu où l’on est plus sûr de trouver du soleil toute l’année ; n’y a-t-on pas, en effet, installé quelques années plus tôt un four solaire ?
 
Le premier projet concerne la fourniture du générateur solaire pour le satellite français D1. Le support, initialement non défini, des panneaux solaires, s’avère être du NIDA : c’est à dire une structure d’aluminium très mince en "nid d’abeille" présentant des faces en époxy stratifié très minces. Après quelques essais concluants, on commence à y assembler les cellules solaires préalablement contrôlées et munies de leur filtre et protection anti reflet.
 
 
 
Assemblage initial des cellules solaires en module élémentaire
 
 
 
Assemblage et nettoyage d'un panneau
  
Le succès du lanceur DIAMANT et du satellite D1A marquent l’entrée de la France dans l’ère spatiale ; le bon fonctionnement de son générateur solaire, celle de la SAT dans l’industrie « spatiale » !
 
 
Satellite D1
 
 
 
 
La " Télé" à la SAT !
 
Une émission spéciale destinée à montrer l’atelier et les panneaux solaires, présentée par François de CLOSETS, est organisée et soigneusement préparée par François LE MENESTREL. Le jour venu, elle se déroule assez bizarrement ; en effet le présentateur oublie le plan prévu pour l’interview et, de plus, se met à aborder d’autres sujets, au grand désarroi de son hôte de la SAT. Mais enfin le soir, tout le monde regarde la télé et est ravi …
Le lendemain pourtant, il fallut constater qu’il faudrait plus d’une bonne semaine pour nettoyer l’atelier : la grosse caméra, les équipements de prise de son, les projecteurs et surtout les câbles boueux traînés à travers les portes restées ouvertes avaient vraiment mis à mal le "dépoussiérage" de notre salle blanche !
 
La réussite est confirmée un an plus tard par le succès de D1C et D1D. Elle est à l’origine d’une activité qui va durer pendant une dizaine d’années grâce à des contrats que la SAT s’efforce d’arracher pour amortir ses investissements.
Notre premier succès incite le CNES à faire confiance à la SAT pour son satellite suivant D2. Celui-ci nous pose immédiatement un problème important. C’est un satellite à orbite polaire qui reste donc pendant de longues périodes dans l’ombre. L’expérience américaine montre que les températures extrêmes que vont supporter les panneaux solaires sont -50°C et +70°C. Les spécialistes du CNET s’entêtent à prendre de grandes marges de sécurité et nous imposent la tenue de -100°C à + 100°C.
SPECTROLAB-HELIOTEK déclare ne pas savoir faire, la NASA intervient auprès du CNES, qui s’entête. Il faut donc étudier et mettre au point un nouveau procédé de soudage électrique et d’assemblage. Les techniciens y parviennent et les prototypes satisfont ces exigences extrêmes !
Le CNES procède au lancement avec succès des deux modèles D2 qui fonctionnent selon le programme prévu :
  • D2A "TOURNESOL" lancé en avril 1971 de Kourou en Guyane,
  • D2B "AURA" lancé beaucoup plus tard en septembre 1975.

 

Satellite D2
 
 
 
Pierre MAISON, représente la SAT lors du lancement de D2A à Kourou. Après la réussite de la mise en orbite, il assiste au cocktail offert par le CNES pour fêter l’évènement. Connaissant les difficultés rencontrées pour satisfaire les contraintes relatives aux températures extrêmes, il ne peut s’empêcher de demander à Yves SILLARD, directeur de la base :
 
"Connaît-on les températures extrêmes auxquelles est soumis le satellite quand il est à l’ombre et au soleil ?"
 
« Oui, répond ce dernier, en consultant ses feuilles : -50°C et +70°C".
C’était donc la NASA qui avait raison et nous avons mis au point une technologie d’assemblage inutile pour ce projet, mais qui s’avèrera utile pour SYMPHONIE.
 
Pour ses satellites suivants, pré-EOLE et EOLE lancés en 1970 et 1971, le CNES fait réaliser le générateur solaire par RTC filiale française de PHILIPS. Il veut disposer d’un second constructeur français. C'est pourtant raté car celui-ci abandonne ensuite ce genre de produit.
 
L’expérience acquise auprès du CNES permet à la SAT d’être retenue pour la réalisation du générateur solaire du satellite ESRO 2, Il s’agit de panneaux plans montés sur les 12 faces d’un dodécagone. Les panneaux sont livrés au maître d’œuvre (HAWKER SIDDELEY associé à MATRA). Le premier lancement n’intervient qu’en 1967 et c’est un échec, le second en 1968 permet la mise en orbite du satellite rebaptisé « IRIS ».
Dès 1965 cependant, la SAT reçoit la commande du générateur solaire des satellites ESRO 1 constitué de panneaux cylindriques et tronconiques (maître d’œuvre CONTRAVES) et dans la foulée, celui des satellites HEOS (High Excentric Orbit Satellite) composé de panneaux plans assemblés selon un dodécagone (maître d’œuvre JUNKERS). Le premier ESRO 1 rebaptisé "AURORAE" est lancé en octobre 1968, le second "BOREAS" en octobre 1969.
 
     
 
      ESRO 2  (panneaux plans en dodécagone)                                        ESRO1 (cylindres et troncs de cône)
 
 
Le satellite HEOS a une orbite très excentrée ; il frôle la stratosphère terrestre et son apogée se situe au voisinage d'un point situé à mi-distance de la Lune. Il doit être "magnétiquement" propre afin de permettre la mesure du champ magnétique terrestre et de ses effets sans apporter de perturbation notable : Il ne doit pas créer de champ magnétique supplémentaire et ne pas contenir de matériaux magnétiques.
 
 
Panneaux solaires HEOS en cours d'assemblage à la SAT
 
 
 
 
3 satellites HEOS en attente à l'Estec
 
 
 
Lors de l’appel d’offre pour INTELSAT III, un satellite offrant 1200 canaux, dont 7 exemplaires sont prévus, la SAT prend contact avec les maîtres d’œuvres potentiels et en particulier TRW qui est finalement retenu et notifie en mai 1965 la commande de 4 générateurs solaires (les 3 premiers étant commandés à SPECTROLAB-HELIOTEK dont nous tenons la licence).
Cela nécessite un agrandissement de l'atelier spatial et le respect de normes encore plus sévères en ce qui concerne l’absence de poussière. L’équipe qui en a la charge doit à cette époque assurer de multiples tâches pour l’ensemble de ces générateurs solaires :
A une certaine époque, les programmes de générateurs se superposent et l’atelier spatial est occupé simultanément pendant quelques temps par des panneaux solaires des satellites ESRO1, HEOS et INTELSAT III !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Prévoyant un développement foudroyant des télécommunications la COMSAT lance, au printemps 1968 un appeld’offre pour 4 satellites INTELSAT IV à 6.000 canaux ; HUGHES maitre d’œuvre retenu, consent, après quelques tergiversations, à commander à la SAT les cellules solaires de deux satellites. Le contrat est signé peu avant Noël. L’importance de la commande conduit la SAT à réaménager l’atelier de fabrication des cellules solaires.
 
 
 
 
 
 
 
 
1 - 2  Les codeurs de télémesure
Depuis 1960 et la reprise des établissements Jean TURCK, la SAT s’est diversifiée dans des activités militaires et aéronautiques. Elle fournit notamment des équipements de télémesure utilisés sur des missiles et diverses fusées de recherche. Puis elle est choisie comme maître d’œuvre de la télémesure AJAX qui se généralise sur tous les champs de tir.
A partir de 1964, la multiplication des mesures et le besoin de plus de précision militent pour l’utilisation d’équipements numériques de type « PCM ». La SAT propose au CNET un équipement numérique destiné à équiper les ballons stratosphériques lâchés d’Aire sur Adour.
D’autre part la direction obtient que la SAT soit choisie comme représentant en France de Westinghouse Electric pour l’assister lors de la fourniture du codeur de télémesure « PFM » destinée au satellite scientifique FR1. Cela conduit quelques ingénieurs à se familiariser avec les techniques de fabrication, de packaging et de test des équipements électroniques spatiaux.
Peu de temps après, lors d’une rencontre de camarades de promotion de l’ESE, l’un d'eux qui travaille à l’ESRO demande à un ingénieur de la SAT, si celle-ci serait intéressée par le codeur du satellite ESRO1. A la réception de l’appel d’offre, on pense que l’utilisation d’un convertisseur analogique/digital récemment breveté associé à un ensemble de circuits logiques intégrés fonctionnant pour la plus grande partie pendant une très faible partie du temps (régime « pulsé ») offrirait une solution intéressante.
La Direction consultée donne son accord pour remettre une proposition ! Elle est acceptée et la SAT est désignée maître d’œuvre du système de télémesure comprenant le codeur, deux émetteurs (Sud Aviation) et un enregistreur magnétique de bord (LOCKHEED ELECTRIC) plus un boitier d'interconnexions.
Ce sont donc les techniciens qui embarquent la SAT dans cette aventure spatiale ! Pourtant elle nécessite l’agrandissement de l’atelier spatial, alors limité aux générateurs solaires, le développement de nouvelles méthodes d’assemblage telles que la soudure électrique et nécessite la mise en place des moyens de sélection et de qualification des composants utilisés.
L’étude du codeur se déroule sans problème majeur et les performances demandées largement tenues. Par contre des difficultés surgissent au niveau de la conception mécanique des sous-ensembles, de l’assemblage en atelier puis des interconnexions des sous-ensembles.
 
            
       Assemblages des composants en "fagots"               Raccordements par rubans soudés électriquement
 
 
 
A gauche : Codeur en deux boitiers, module d'interconnexion, et sous ensembles
A droite enregistreur magnétique à bande sans fin
 
 
 
Un des boitiers du codeur PCM 
 
Faute de disposer de circuits imprimés « multicouches » fiables, on invente un assemblage utilisant des circuits imprimés monocouche superposés interconnectés via des trous par des rubans de kovar soudés électriquement sur les pistes et sur les pattes des sous-ensembles ! Lors de la présentation de l'équipement à la « National Telemetering Conference de Boston », les américains sont stupéfaits par le régime pulsé et notre "packaging".
 
L’expérience acquise auprès de l’ESRO permet à la SAT d’être retenue à nouveau pour la fourniture des codeurs de télémesure du satellite HEOS. Celui-ci apporte de nouvelles exigences relatives à la propreté magnétique. La conception électrique est révisée de manière à n’utiliser que des composants amagnétiques, les petits transformateurs sont éliminés et la surface des boucles parcourues par un courant notable est minimisée. L’équipement est réalisé sous forme de grands sous-ensembles interconnectés à l’arrière par un grand nombre de fils souples constituant une sorte de charnière.
 
                            
 
             Les deux boitiers du codeur HEOS                                      Un sous ensemble assemblé sur circuit imprimé double face 
 
Le bon déroulement du projet entraine le choix de la SAT pour les codeurs de deux nouveaux projets de satellites scientifiques de l’ESRO dont finalement seul TD1 sera mis en orbite. La technologie utilisée est la même que pour HEOS. Les particularités de l’équipement sont :
  • l’importance du nombre d’accès : environ 150 mesures analogiques, 150 entrées numériques et une centaine d'entrée "tout ou rien "
  • la longueur du compteur ordinal à 47 bascules dont la dernière ne change d’état que tous les 45 jours !
  • une très bonne fiabilité prévisionnelle : la probabilité de panne totale devant être inférieure à 0,7% au cours de la première année de fonctionnement !
Cette espérance de vie, pratiquement un ordre de grandeur plus élevée que celle des équipements précédents, est obtenue par la duplication des équipements communs (compteur, dernier étage de la matrice de commutation pyramidale, Convertisseurs A/N etc..) ; chacun des équipements dupliqués pouvant à tout moment être activé et se substituer à son homologue défaillant de manière à poursuivre la mission. 
 
 
 
2 - SYMPHONIE !
 
Dans le cadre du CIFAS (Consortium Industriel Franco Allemand pour le satellite Symphonie), la SAT est retenue non seulement pour fournir le générateur solaire et le codeur de télémesure, mais aussi dans le cadre de sa participation à l’ensemble du projet :
  • ·à établir une partie des spécifications détaillées,
  • ·à procéder à l’approvisionnement global de certains types de composants électroniques,
  • ·à fournir quelques membres de l’équipe d’intégration et de tests.
Ce projet est l’occasion d’un nouveau défi technologique. Ce satellite, stabilisé selon 3 axes, se trouve soumis à des éclipses de longue durée quand il se trouve dans l’ombre projetée de la Terre. Ses panneaux solaires voient alors leur température s’abaisser considérablement ; le cahier des charges prévoit de résister à un très grand nombre de cycles thermiques entre -175°C et +75°C.
La durée de vie prévue, de 5 ans, nécessite de prendre des précautions particulières pour les équipements.
Un autre défi est celui de la langue : les ingénieurs connaissaient suffisamment l’anglais pour rédiger les propositions et les documents contractuels à établir à l’occasion des activités spatiales européennes ou INTELSAT. Ils parvenaient tous, également à suivre et intervenir lors des réunions techniques. Avec le projet SYMPHONIE, se pose un problème particulier, puisque la totalité des documents doivent être disponibles en Français et en Allemand. Peu d’ingénieurs pratiquant la langue de Goethe, on doit faire appel à des traductrices, de part et d’autre, pour établir les kilos de papier prévus. Les traductrices font de leur mieux, mais comme elles ne sont pas des spécialistes, certaines traductions sont pour le moins curieuses. Ainsi les Français, avec leur esprit gaulois ne peuvent s’empêcher de sourire en lisant dans les documents relatifs à la sécurité électrique :
... même le doigt d’une femme, ne doit pas pouvoir  se poser sur les parties dénudées…
Quant aux Allemands, ils s’esclaffent  à propos du choix des composants électroniques, en lisant :
Alle aktiven oder passiven Bestandteile sollen mit dem Schädlingsbekämpfungsmittel gegen die Flöhe bestreut sein
soit :
.. tous les composants actifs ou passifs doivent être saupoudrés d’insecticide contre les puces !
 
 
En ce qui concerne le générateur solaire, l’expérience acquise lors des projets précédents et en particulier D2 permet de qualifier notre technologie à l’issue de nombreux et longs essais puis de lancer la production des cellules ainsi que l’assemblage des panneaux. De nombreuses personnes furent impliquées :
  • ·pour l’optimisation des cellules MM. Jacques ROGER, Pierre MORILLON, Patrick COLARDELLE,
  • ·pour la production M. Roger GAUTIER et les ateliers de l’usine de Lannion,
  • ·pour l’assemblage et les essais, MM. Alain CHABRILLAT, Alain MÉNÉGLIER, François SERRE et l’atelier d’assemblage de Paris.
 
Le codeur de télémesure, utilise les techniques mises au point pour les équipements précédents et notamment de TD1 pour la conception mécanique et la redondance des organes communs ou des mesures considérées comme « prioritaires ». Il comporte 93 accès analogiques, 5 accès numériques « série » et 124 accès "tout ou rien.
  • ·un accès analogique est utilisé pour le prélèvement périodique d’une mesure présentée sous la forme d’une tension continue variant entre 0 et 5 volts.
  • ·un accès numérique série est destinée à la lecture successive périodique des 8 bits d’information contenus dans un registre auquel est envoyé une commande de lecture et un signal de rythme de transmission.
  • ·un accès tout ou rien est utilisé pour connaitre un état de type "Marche/Arrêt" représenté par une tension inférieure à 0.5 volt ou supérieure à 3 volts.
L’ensemble a deux modes de fonctionnement avec deux vitesses respectives : 8 et 64 bits/s. Il délivre un signal « PSK » pour modulation de la sous-porteuse.
Les exigences de fiabilité sont tenues tout en conservant une consommation minime : 2 W environ.
Les personnes impliquées dans les études électriques et mécaniques sont MM. Gérard BOELL, Guy CHAMPONNOIS, Pierre DROUOT, Jean-Louis LAVOISARD, Roland MOUSSON. L’assemblage est supervisé par M. Albert PRUDHOMME.
 
              
 
Le codeur de télémesure de SYMPHONIE                                                 Sous ensemble avant "moulage" 
 
La présentation en recette se déroule en présence de MM. Maurice BOISSINOT, André GIRARD et Bernard MAUREL qui forment l’équipe qui participera à l’intégration chez les maîtres d’œuvres (AEROSPATIALE aux Mureaux et MBB à Ottobrunn) puis assisteront aux derniers préparatifs à cape Canaveral.
 
 
André GIRARD pendant l'intégration aux Mureaux
 
 
 
Embarquement du matériel pour cape Kennedy 
 
 
Le satellite en cours de montage sous sa coiffe 
 
Avec le lancement réussi puis le fonctionnement satisfaisant en orbite pendant 8 ans, la SAT atteint là l’apogée de son aventure dans les activités spatiales. Sa situation va rapidement se dégrader.
 
3 - La fin des activités "spatiales" de la SAT !
 
3 - 1 - Les satellites scientifiques
 
La SAT n’est pas retenue pour la fourniture du générateur solaire de TD1.
En 1973, l'ESA, nouvellement créée mise sur la poursuite en commun du développement du lanceur français ARIANE et décide de procéder aux lancements depuis Kourou. Les constructeurs européens du domaine spatial sont invités à constituer des groupements auxquels la maîtrise d’œuvre sera confiée : la SAT intègre le consortium COSMOS (COnsortium for Study & Manufacture Of Satellites) qui regroupe :
  • AEROSPATIALE et SAT pour la France,
  • MBB (Messerchmit-Bolkow-Blohm) et SIEMENS pour l’Allemagne,
  • MSDS (Marconi Space & Defence Systems) pour la Grande Bretagne,
  • ACEC (Ateliers de Construction Electrique de Charleroi) pour la Belgique,
  • SELENIA pour l’Italie,
  • CASA pour l’Espagne.
Ce consortium échoue pour le satellite GEOS, mais réussit pour METEOSAT. La SAT se voit à nouveau confier la réalisation du générateur solaire et du codeur de télémesure.
Enfin alliée à THOMSON pour participer au projet HELIOS de la NASA, la SAT n’est pas retenue.
 
 
3-2 - Les satellites de télécommunications.
 
Après INTELSAT IV et ses 6000 canaux, la COMSAT lance le projet INTELSAT V (12000 canaux). La SAT s’associe à LOCKHEED ELECTRIC pour répondre à l’appel d’offre et s’engage jusqu’à fournir une partie des cellules solaires et un codeur de télémesure de capacité réduite en état de fonctionnement pour équiper un modèle de « démonstration ». Malheureusement le marché est passé à un autre ensemblier.
 
 
 
Intelsat V (stabilisé 3 axes comme Symphonie)
 
3 - 3  Doit-on arrêter ?
 
L’avenir paraît alors incertain :
  • ·lorsque le consortium COSMOS est retenu, le coût des prestations de l’AEROSPATIALE représente la quasi-totalité de la contribution française au projet et le principe du « juste retour » entraîne l’attribution des équipements électroniques aux ACEC (Belgique) ou à SELENIA (Italie),
  • ·le procédé de fabrication des cellules solaires légèrement modifié par rapport à la licence SPECTROLAB (afin de minimiser les investissements initiaux) conduit à un rendement un peu faible donc coûteux car les rejets ne sont pas toujours utilisables pour les panneaux de signalisation lumineux.
  • ·les déplacements en Europe et aux USA pour les démarches technico-commerciales, les réunions techniques, la fourniture fréquente d’échantillons technologiques, l’assistance aux clients, les moindres déchets en fabrication coûtent fort cher. Il ne faut pas oublier, par ailleurs, que les lourds investissements pour les salles blanches, les essais d’environnement entraînent des charges permanentes d’entretien et d’adaptation.
La direction se pose alors le problème de la poursuite par la SAT de ces activités spatiales, en raison du partage obligatoire des marchés, de l’importance des investissements nécessaires pour chaque projet, de la difficulté croissante des démarches techniques et commerciales (réponses aux appels d’offres, réalisations d’échantillons technologiques, voyages lointains).
Les différents programmes n’ont pas engendré de pertes et ont occupé ateliers et personnels de manière satisfaisante, mais n’ont jamais représenté plus de 4% du chiffre d’affaire de la SAT et, malgré le coût élevé des équipements et des prestations diverses sont demeurés à la limite de la rentabilité ; aussi, après 13 ans d’une activité que l’on peut qualifier de très "glorieuse", le problème de la continuité se pose vraiment.
La décision est prise de ne plus participer à de nouveaux projets dans ce domaine (cf. ci-dessous Notes complémentaires).
 
Nous en retenons cependant que nos équipements, générateurs solaires, télémesures, ont volés sur presque tous les satellites français, la moitié des satellites ESRO/ESA et sur deux importants programmes INTELSAT. LA SAT en a tiré une notoriété incontestable en France, en Europe et aux USA, plus d’ailleurs dans les milieux d’affaires internationaux que du côté du grand public, il est vrai.
Les laboratoires et les ateliers ont appris une rigueur dans le travail et dans l’organisation à travers les exigences de nos clients et la fréquentation d’autres grands industriels travaillant dans ce domaine.
 
 
Notes complémentaires
Les tentatives d’utilisation de cellules solaires pour d’autres utilisations n’aboutissent, à cette époque, que pour l’alimentation d’équipements de signalisation ou de transmission dans des endroits où l’alimentation par EDF pose problème (autoroutes en particulier) ; mais le marché est trop restreint (la SAT est trop en avance, et le pétrole est encore trop bon marché !) Dans ces conditions, après s’être assuré que l’État ne souhaite pas que la SAT conserve une activité indispensable pour l’indépendance de la France (CNES, Défense Nationale), il est décidé de ne plus faire d’effort dans le domaine spatial, ce qui bien entendu conduisit assez rapidement à l’arrêt des études et des productions dans ce domaine.
 
Les maîtres d’œuvre potentiels américainsdécident d’inclure directement des participants non américains dès le début des projets. mais la concurrence devient telle que certains n’hésitent pas à construire des "démonstrateurs" pour répondre aux appels d’offre de la COMSAT. C’est ainsi qu’associés à LEC (LOCKHEED ELECTRONIC COMPANY) la SAT construit un codeur de télémesure dérivé de celui de SYMPHONIE pour le projet INTELSAT V et participe (Michel BERNIERE, Claude GUYOT, Jean-Louis LAVOISARD) à la réponse à l’appel d’offre avec évaluation de la fourniture d’éléments du générateur solaire et du codeur. LEC ne sera finalement pas retenu par INTELSAT.
De leur côté les télémesures numériques des lanceurs et satellites tendent à se banaliser, à se muer en périphériques de calculateurs réalisables par beaucoup d’entreprises d’électronique. La production des cellules solaires tend à devenir déficitaire du fait que la totalité des procédés de fabrication de SPECTROLAB n’a pas été mise en adoptée. De nouveaux investissements ne semblent pas rentables en raison du partage des commandes entre un nombre croissant d’industriels dans le monde.
Quelques années plus tard de nouveaux codeurs de télémesure sont encore fabriqués pour les satellites METEOSAT 3 et 4. Enfin nos travaux dans le domaine des télémesures à structure éclatée, nous valent un marché d’études CNES/ESA relatif à un équipement à format variable permettant de capter des mesures dans les différents étages d'un lanceur puis du satellite en orbite. Le principe en fut utilisé ultérieurement, mais par d’autres constructeurs.
 
 

 


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