Contribution de
N°03 - Henri VERGESNDLR : Ce document a été fourni par Henri VERGÈS, fils de Paul VERGÈS
Colloque avec les industriels licenciés de la paire coaxiale ballon
(10-11 mars 1964)
L'invention de l'isolation ballon est un progrès technologique majeur pour les câbles coaxiaux. Elle procure, outre une amélioration des performances et notamment de leur stabilité, des gains importants de productivité. Elle répond à une demande de PTT de développer une nouvelle paire coaxiale de petite dimension pour les communications à grande distance. La technique précédente, celle de l'isolation à disques est mal adaptée aux petites dimensions demandées. La nouvelle technique de l'isolation ballon, qui repose sur une extrusion en continu, va s'imposer et progressivement être adoptée pour toutes les dimensions de paires coaxiales.
Dix-sept câbleries de tous pays, y compris aux Etats-Unis et au Japon, acquièrent la licence de fabrication et les machines. A l'initiative des deux principaux inventeurs, Léon PARCÉ et Paul VERGÈS, la SAT organise, les 10 et 11 mars 1964, un colloque qui réunit des représentants de toutes les entreprises licenciées. C'est un grand succès. De nombreux représentants des entreprises licenciées assistent à cette manifestation.
Léon PARCÉ prononce l'allocution d'accueil de cette manifestation qui consacre la maîtrise acquise par la SAT en trente ans dans l'industrie des câbles de télécommunications pour les liaisons à grande distance. Cette activité est à l'origine de la SAT et l'une des rares qui subsiste en 2010 au travers de la Société SILECCÂBLES, sise à Montereau et dont la SAT a pris le contrôle au début des années 1980.
Allocution de Léon PARCÉ
Au nom de la S.A.T, j'ai le plaisir de souhaiter la bienvenue à tous les représentants des Sociétés qui se sont rendus à notre invitation pour examiner ensemble les résultats obtenus avec l'isolation ballon, en discuter, étudier les perfectionnements ou les développements que cette isolation est susceptible de recevoir.
Nous avons pensé avec le proverbe, que celui qui n'avance pas, recule. Ou encore, parlant d'une manière moins vague, nous nous rangeons derrière le grand mathématicien Henry POINCARÉ qui déclarait en 1910, au congrès mondial des Mathématiciens réunis à Rome :
"Il n'y a pas de problèmes résolus et d'autres qui ne le sont pas, il n'y a que des problèmes plus ou moins résolus".
Puisque Henry POINCARÉ admettait que les problèmes qu'il avait traités n'étaient que plus ou moins résolus, nous pouvons le supposer aussi pour les nôtres sans que pour cela, nous autorisant d'un si grand exemple, le rouge nous monte au front.
Lorsque j'étais jeune ingénieur, j'eus un jour une conversation avec un autre ingénieur d'une dizaine d'années plus âgé que moi, qui était plein de bon sens et ne manquait pas de volonté. Nous parlions de notre métier. Il me dit en substance :
"Vous avez remarqué cette race de chiens que l'on appelle des fox. Lorsqu'ils perçoivent, grâce leur odorat supersensible qu'il y a, en certain endroit, quelque chose qui paraît exciter leur désir, ils grattent de leurs pattes et n'arrêtent pas jusqu'à ce qu'ils trouvent enfin l'objet de leur convoitise. Il faut que nous soyons comme des fox; percevons d'abord puis creusons notre trou sans jamais nous lasser".
Je n'ai jamais oublié la leçon reçue ce jour là. J'ai commencé par en faire moi-même l'expérience; ensuite je l'ai recommandée à d'autres.
J'ai toujours été frappé des résultats qu'un esprit moyen peut obtenir lorsqu'il s'applique avec ténacité à une question.
Le premier jour, on ne perçoit rien. On ne fait que s'enfoncer davantage dans le tunnel. Aucune lumière n'apparaît. C'est la nuit obscure.
La semaine passe. On commence à trouver quelques points d'accrochage, à tâtons. On va tantôt à droite, tantôt à gauche. On n'est pas encore porté, mais on se déplace.
Puis un beau jour, ou un beau mois, ou une belle année, les semailles tombent, on voit clair. On est soi-même surpris du chemin parcouru.
Il n'y a plus qu'à courir et battre la campagne. Une orange ou un citron, aussi fortement qu'on les ait pressés, on peut toujours en extraire un peu plus de jus !
C'est à cette opération que nous sommes tous conviés : perfectionner ce qui existe, trouver d'autres champs d'application et l'imagination se fatiguera plus vite à concevoir des choses que la réalité à lui en fournir.
Je souhaite, Messieurs, le plus grand succès à vos travaux.
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