Contribution de
21 - Jean-Bernard PINTAUXSOUVENIRS du LR 18 de 1970 à 1985
Ce Laboratoire était dirigé par un grand bonhomme, Salomon (Moni) MITRANI, gentiment et respectueusement surnommé "Le Ministre".
Ce Laboratoire avait pour domaines d’étude :
· La Télégraphie,
· La Transmission de Données sur câble,
· La Transmission de Données sur ligne téléphonique, dans la bande de fréquence occupée normalement par la transmission de la parole.
Ce labo appartenait au département de M. CLAISSE, au sein de la Division X dirigée par M. DOCKES.
Il était situé au 3ème étage du 41 de la rue CANTAGREL dans la partie de l’immeuble parallèle à la rue du Dessous des Berges. Lorsque vous sortiez de l’ascenseur au 3ème étage, se trouvait en face de vous le petit labo de la Télégraphie, d’Alain DELAGNES et de ses 2 Techniciens, : Jacques GALAND et Jean RAULT. Toujours en face de vous, un peu plus à droite, " Le Ministre " et son adjoint Louis Joseph BAYLE, occupaient un bureau allongé et très étroit. Sur la droite, vous entriez dans le labo des Modems, équipé de 6 grandes tables de laboratoire sur lesquelles travaillaient les Sous-ingénieurs et Techniciens (MM. AMAT, BLAIN, BORENTAIN, BUTIN, DUCHEL, DUCLOS, LEPOUTTE, SOULAT, TRILLAUD, ….). Sur la droite du labo, un petit réduit mal éclairé par une fenêtre en verre cathédrale, donnant sur une petite cour intérieure, abritait les bureaux de Jean-rené BERLAND et Georges PAYEN. Au fond du Labo, Claude CHILLARD et moi-même avions nos bureaux face à face.
Avec l’accroissement des études, le LR 18 s’agrandit et se déplaça, en restant au 3ème étage dans les locaux situés sur la rue CANTAGREL et ceux situés sur le coin de cette rue avec la rue du Dessous des berges. Il a connu un grand nombre d’évolutions sur ces 15 années :
- Evolutions en personnel,
- Evolutions dans les relations humaines,
- Evolutions des méthodes de développement des matériels,
- Evolutions des composants électroniques utilisés,
- Evolutions des moyens d’étude,
- Evolutions des Traitements du Signal et de la représentation des signaux à traiter.
EVOLUTIONS EN PERSONNEL
Avec les nouvelles études, pour gagner du temps, 2 maquettistes, Mme VINCI et M. PERON, furent affectés au LR18 pour effectuer tous les travaux de câblage. M. QUEUDRUS organisait le travail de ce groupe et faisait réaliser par les ateliers tous les travaux de tôlerie, menuiserie, nécessaires à l’agencement et à l’équipement du labo.
Entre 1972 et 1979, le personnel du groupe s’accrut
- Les nouveaux ingénieurs :,MM. Georges BAUDOIN, Jean-Marc COLIN DE VERDIERE, Pierre CREVEUIL, Vinod KUMAR, Jacques LEMAISTRE, Patrice. LANGLOIS
- Les nouveaux techniciens : MM. BELLAI, GALLAND, GRESSENT, MAETZ, RESTIAUX, VER
" Le Ministre " devint alors Chef de Département le 6 novembre 1985, et le groupe 18 fut scindé en 2 groupes :
- Le groupe 23 sous l’autorité de Louis-Joseph BAYLE
- Le groupe 24 sous l’autorité de Jean-René BERLAND
Une Secrétaire fut affectée au Département : Mme Simone HERVELON
NDLR : Plus tard, M. MITRANI deviendra directeur de la BTI (Branche Téléinformatique et Image).
EVOLUTIONS DANS LES RELATIONS HUMAINES
Au début des années 70
Il y avait séparation entre les techniciens et les ingénieurs. Les ingénieurs portaient cravate, et à la cantine, avant la construction du self, ingénieurs et techniciens ne déjeunaient pas souvent ensembles.
Le vouvoiement et le « Monsieur » étaient de règle pour tout le monde. Les prénoms n’étaient pas utilisés. Pas de personnel féminin dans les laboratoires. Si une jeune-femme d’un service général traversait un laboratoire, elle faisait l’objet de sifflets, non désobligeants mais d’admiration surtout si elle portait une mini-jupe !
Vers la fin des années 70
L’intérêt des études et la réactivité nécessaire pour sortir le matériel, créent des équipes soudées et motivées. Le tutoiement apparait dans l’équipe du TELSAT 840
Les repas ingénieurs avec la direction
Une fois par an environ, chaque ingénieur était invité, avec des ingénieurs d’autres groupes, à déjeuner au restaurant direction, avec en général, le directeur technique et le chef du personnel. Chacun se présentait et décrivait ses activités. Ces repas se transformaient quelquefois en cour des lamentations, mais ils permettaient de se connaître.
EVOLUTIONS DES METHODES DE DEVELOPPEMENT DES MATERIELS
En 1970-1971, le développement d’un matériel passait par les phases suivantes :
- La Planche,
- La Maquette,
- Le Prototype,
- La Présérie,
- La Série,
et en parallèle se poursuivaient le développement d’outils de mesure et de contrôle.
Les Phases de Développement
1 - La Planche
La photo suivante représente une carte perforée sur laquelle sont implantés les composants électroniques.
Source : The Mindalive Encyclopedia TECHNOLOGY (Marshall Cavendish)
La Planche était de grande dimension, pouvant dépasser le mètre en longueur. Des picots étaient insérés dans les trous et portaient si nécessaire, des supports de composants, soudés sur ces picots. Le câblage électrique était lui aussi réalisé par soudage de fils sur les picots. La planche pouvait accueillir des sous-ensembles, semblables à celui de la photo. Ces sous-ensembles pouvaient être étudiés, réalisés et testés séparément.
Tout ce câblage était réalisé par les techniciens, à partir des schémas fournis par les ingénieurs d’étude. Après contrôle du bon fonctionnement, le schéma de l’ensemble du système était redécoupé en sous-ensembles qui constitueraient les cartes de la maquette. Une nomenclature de tous les composants était établie pour chaque carte.
2 - La Maquette
Un coffret métallique, équipé d’une alimentation et de connecteurs externes, recevait les cartes sous-ensembles du système. Celles-ci étaient toujours des cartes à picots et l’ensemble de la maquette était toujours câblé par fils. Cette maquette était la première ébauche du modem et pouvaient être utilisée pour effectuer des essais de transmissions de données chez les clients. Tout ce câblage était maintenant réalisé par les câbleurs du service atelier, à partir des schémas redessinés par les techniciens sur des calques de grand format. Ces schémas et les nomenclatures, finalisés après les essais, étaient ensuite transmis aux dessinateurs du Bureau d’Etude.
3 - Le Prototype
Les cartes du modem sont maintenant réalisées avec un câblage imprimé (cf photo suivante)
Source : Câbles & Transmission (SOTELEC) N° 3 Juillet 1976
Le dessin du typon, pour la gravure du câblage imprimé, est réalisé manuellement par les dessinateurs du Bureau d’Etude. Les dimensions du coffret prototype sont alors celles du modem définitif.
Source : l’onde électrique Volume 55 N° 1 Janvier 1975
4 - Présérie.
Une présérie, d’une vingtaine de modems, est lancée en fabrication pour la mise au point de tout le processus de fabrication et des tests de contrôle avant le lancement de la série.
Les Outils de Mesures et de Contrôle
1 - Outils de Mesure
Le LR 18 développa un banc de mesure comprenant les équipements suivants :
- un générateur-récepteur de message, le TELSAT 80 qui permettait de mesurer le taux d’erreur d’une transmission,
- des simulateurs de ligne représentant les différents types de ligne téléphonique,
- des générateurs de perturbations,
- des atténuateurs.
Ces différents équipements, sous forme de tiroirs, étaient insérés dans des casiers fixés à un châssis.
La mesure consistait, pour une configuration de ligne et de perturbation données, à transmettre 1 million de bits et de mesurer le nombre de bits reçus erronés pour établir un taux d’erreur.
Pour une transmission à 9600 bits par seconde, la mesure prenait plus d’une minute et demie et devait être recommencée pour différents niveaux de puissance de signal reçu et différents niveaux de perturbation. Chaque résultat de mesure était noté sur un cahier tout en traçant la courbe de taux d’erreur.
Taux d'erreur du modem 9600 bits/s en fonction du rapport signal à bruit pour différents quadripôles de simulation de ligne
Source : l’onde électrique Volume 55 N° 1 Janvier 1975
A coté de cet équipement de mesure, utilisable par tous les modems, il était nécessaire de se fabriquer des outils de mesure propre à l’étude d’un sous ensemble d’un modem. Ces outils équipés de roues codeuses, de dispositifs de comptage et d’affichage, pouvaient être très complexes et volumineux.
Les Boites de Contrôle
Pour permettre à la fabrication de contrôler le bon fonctionnement des cartes et du modem entier, le LR 18 réalisait pour chaque sous ensemble une boite de contrôle. Pour brancher ces boites de contrôle il était nécessaire de prévoir des coupures dans les liaisons entre certains composants. Les 2 cotés de la coupure étaient équipés de picots reliés par un fil pour établir ensuite la liaison.
Toutes ces coupures, nécessaires au contrôle, devaient être prévues lors de la phase prototype. Les spécifications de ces boites et les procédures de contrôle étaient fournies au service de Mme CHAVANY qui rédigeait les procédures pour l’usine de production.
LES ANNEES SUIVANTES
1. Suppression de la phase Planche
2. Utilisation du DAO (Dessin Assisté par Ordinateur) par le Bureau d’étude pour réaliser les câblages imprimés compte tenu des densités de câblage de plus en plus importantes
3. Les circuits imprimés qui ne portait le câblage imprimé que sur une seule face (Circuit Simple Face), devinrent Double Face puis Multicouches pour certaines cartes
4. Les coupures avec picots devinrent coupures avec cavaliers, puis disparurent avec l’apparition de circuits dits 3 états permettant le contrôle à l’aide de pointes reliées à un ordinateur qui venaient s’appliquer directement sur les pistes imprimées
5. Disparition des boites de Contrôles
EVOLUTIONS DES COMPOSANTS ELECTRONIQUES UTILISES
En 1970-1971, les composants analogiques (Résistances, Capacités, Selfs, Transistors, Ampli-Opérationnels) constituaient la plus grande partie des composants d’un modem, pour toutes les fonctions de filtrage, modulation-démodulation et de détection. Les composants logiques (portes, bascules, mémoires, registres à décalage, compteurs) étaient utilisés dans les cartes d’interface (Cartes Jonctions) recevant les données à transmettre et restituant les données reçues du modem distant. Les composants à utiliser, appartenaient à une liste préférentielle, imposé par notre principal client, les P.T.T. Par exemple, nous ne pouvions pas utiliser la porte qui laissait passer le signal sans l’inverser (Porte ET) ; nous devions utiliser la porte qui laissait passer le signal mais en l’inversant (Porte NON-ET). Nous devions donc faire suivre cette porte par un inverseur pour rétablir le bon signal.
Avec la numérisation des signaux, le signal n’étant plus une grandeur électrique mais un nombre, les opérations sur ces nombres devenaient des additions, des soustractions, des multiplications, des divisions. Aucun composant bon marché n’existant, ces opérations furent réalisées en utilisant les circuits logiques existant et un circuit arithmétique, un additionneur binaire 4 bits. La carte effectuant les multiplications, était une double carte comportant 70 circuits discrets. Les nombres devant être mémorisés pendant la durée prise pour effectuer la multiplication, ils étaient stockés dans des mémoires réalisées à l’aide de bascule et de registres à décalage. Une carte appelée "Base de Temps", séquençaient les opérations. Seuls les circuits de numérisation du signal étaient achetés (Echantillonneur-Bloqueur et Convertisseur Analogique-Numérique).
LE TRAITEMENT NUMERIQUE DU SIGNAL
En 1970
Le traitement numérique du signal nécessitait d’effectuer un grand nombre d’opération dans un temps limité. Les portes ayant des temps de transfert non nul, les bascules mémoire nécessitant que la donnée soit présente à son entrée un certain temps avant et après l’ordre d’enregistrement, la donnée mémorisée mettant un certain temps pour apparaître à la sortie de la mémoire, tous ces temps devaient être comptabilisés pour établir un schéma de la carte qui assure la garantie de fonctionnement.
EXEMPLE
Pour respecter les temps de transfert maximum et le temps de présence minimum, le temps minimum devant séparer les 2 impulsions d’enregistrement H1 et H2 ne devra pas être inférieur à 100 nanosecondes ce qui correspond à une fréquence d’enregistrement maximale de 10 Mégahertz.
L’augmentation du nombre d’opérations à effectuer dans un temps limité, nécessitait des circuits plus rapides, mais avec des appels de courant plus importants, entrainant donc plus de perturbations dans les câblages.
Les signaux d’horloge commandant les bascules devant être non bruités et bien formés, la réalisation des circuits imprimés devait tenir compte de cette contrainte supplémentaire en utilisant des pistes plus larges, des plans de masse, des barres d’alimentations spéciales etc..
En 1979
L’utilisation de microprocesseurs en tranches (Bit-Slice) du fabricant AMD, comportant un séquenceur et des unités arithmétiques et logiques, permit de réaliser un Processeur de Traitement Numérique de Signal en lui associant un multiplieur 8 bits du fabricant TRW, une mémoire ROM pour stocker le programme et une mémoire RAM pour stocker les données. Ce processeur constitua le cœur d’un Modem TELSAT 840, et fut ensuite utilisé pour réaliser, en temps réel, des études de traitement de signal sans avoir à réaliser des maquettes.
En 1983
Texas Instrument sortit le 1er Processeur de Traitement Numérique de Signal (DSP = Digital Signal Processor), en un seul circuit de 40 broches, le TMS 32010. L’utilisation d’un tel circuit regroupant tous les circuits précédents, multiplieur, unité arithmétique et logique, séquenceur, RAM, ROM et d’autres circuits, supprimait presque toute la comptabilisation des temps et réduisait le nombre et la complexité des cartes.
EVOLUTIONS DES MOYENS D’ETUDES
(Ou de la Règle à Calcul et de la Table de Logarithme à la Simulation sur Ordinateur)
En 1970-1971,
En l’absence de calculatrice, tous les calculs se faisaient avec une règle à calcul rectangulaire ou circulaire comme celle de M. CLAISSE, et avec la Table de logarithmes. La 1ère calculatrice scientifique apparut en 1971 et coutait une fortune ; c’était la HP21. Le LR 18 s’équipa de 2 calculatrices. Nous utilisâmes également le Service Informatique de Melle GERVAISE pour réaliser une simulation de Filtre Numérique. M. TRANCHANT fut chargé de cette étude avec l’aide d’une programmeuse Melle THIBAULT. A cette époque le programme était chargé dans l’ordinateur à l’aide d’un bac de cartes perforées.
En 1974-1975
Le LR 18 s’équipa d’un petit ordinateur de bureau Hewlett Packard, sans écran, programmable en langage BASIC qui nous permit avec Patrice LANGLOIS, d’étudier et de mettre au point différentes techniques de traitement du signal.
En 1977-1978
Pour l’étude d’un modem, entièrement numérique, pour les télécopieurs SAGEM, la simulation du modem et de toute la chaine de transmission fut confiée à la société AERO. Avec Patrice LANGLOIS nous formions équipe avec 2 ingénieurs d’AERO, MM. CHAUSSY et LABASQUE
En 1979
Le GR 23 de Mr BAYLE, s’équipa de 2 systèmes de développement AMD, avec écran, pour l’étude du modem TELSAT 840 équipé d’un processeur de traitement de signal réalisé avec les circuits microprocesseur en tranches de chez AMD.
En 1981
Utilisation de l’ordinateur IBM du service informatique de Melle LAFERRIERE, pour la simulation de chaines de transmission permettant l’étude de la Détection par Maximum de Vraisemblance. Avec MM ALLEMANDOU et LANGLOIS, nous formions équipe avec les Ingénieurs d’AERO, MM LABASQUE, TERGNY et VALLET.
En 1984
Le département s’équipa d’un ordinateur DEC, qui permit l’assemblage des programmes pour les DSP TMS32010.
LE TRAVAIL EN EQUIPE
Les couples Techniciens-Ingénieurs étaient assez efficaces. Le technicien apportait son expérience dans la circuiterie électronique, l’ingénieur apportait ses connaissances théoriques. Il y avait ainsi transfert réciproque de compétences. Lionel BUTIN, par exemple, réétudia entièrement une carte de circuits logiques du TELSAT 1000, et réduisit sa complexité de près de 50%. Il devint le plus jeune ingénieur maison de la SAT. De même Henri AMAT avec qui nous cherchions à améliorer le temps d’adaptation du TELSAT 1000, proposa un principe qui aurait pu être breveté.
Tous avaient le souci du travail parfait et ne comptaient pas leur temps. 20 modems TELSAT 1030, qui devaient être expédiés en Chine, présentaient des problèmes à cause d’une capacité du bloc alimentation. Un matin de bonne heure, un commando de 2 techniciens et de 2 ingénieurs, le fer à souder entre les dents, sont venus changer ces 20 capacités et effectuer les tests de bon fonctionnement !
Pour la programmation des microprocesseurs en tranches du TELSAT 840, nous avions l’aide d’un consultant, M. PAULET, qui arrivait le soir vers 20h, et avec qui nous travaillions jusqu’à environ minuit.
L’équipe du TELSAT 840, composée de MM. BAUDOIN, BUTIN, DUCLOS, LEPOUTTE, à laquelle il fallait adjoindre Mme Marie-Claude FOISSAC pour le suivi de fabrication, fut une équipe très efficace.
LES BREVETS
Lors du développement du TELSAT 1000, avec son Egaliseur Automatique, M. CLAISSE me demandait d’étudier les brevets déposés par la WESTERN, laboratoire de la BELL, pour s’assurer que nous ne tombions pas, dans notre réalisation, dans une revendication de brevet. Heureusement, ne disposant pas de circuits arithmétiques pour effectuer les traitements, nous utilisions des traitements simplifiés mais astucieux pour approcher des traitements plus complexes. Mais l’un de ces traitements simplifiés aurait pu faire l’objet d’un brevet car, quelques années plus tard, je découvris dans une revue, le principe de ce traitement que nous avions utilisé dans le TELSAT 1000. Notre Modem avait du être décortiqué pour être analysé en détail. Mais à l’époque, ce qui se faisait à la SAT ne devait pas être connu par l’extérieure. Les quelques publications dans l’Onde Electrique et la Revue du SOTELEC subirent une censure terrible de la part du spécialiste du calcul des filtres M. COLIN.
QUI TRAVAILLAIENT POUR LE LR 18 SUR CES 15 ANNEES ?
LES DAMES DE LA BIBLIOTHEQUE TECHNIQUE
Les dames de la Bibliothèque Technique nous permettaient de nous tenir informer en permanence dans notre domaine. En sortant du self, après le déjeuner, une petite halte à la bibliothèque, d’environ ¼ d’heure, nous permettait de consulter les dernières revues reçues, de faire photocopier un article intéressant, de faire emprunter une revue ou un livre dans une autre bibliothèque technique, CNET, ENST, etc…
Mmes Jeanne AB DER HALDEN, Solange NARBONNE et M. MAURICE furent les dernières personnes qui se dévouèrent pour nous apporter les informations.
LA DAME DES APPROS ( à la Section 6)
Mlle Hélène POUPIN arrivait toujours à nous procurer le circuit qui nous manquait.
LES DESSINATEURS
Christian PENY était responsable du service, et dirigeait une équipe de 5 dessinateurs, MM. AUTIER, BORD, DIJEON, REMY et Mme Marie-Josée DUBUISSON. Celle-ci et M. REMY, réalisèrent des implantations sans faute de nos circuits imprimés les plus complexes.
LES DAMES DU SUIVI DES ETUDES ET DES FABRICATIONS
C’était le Service de Melle CONIL. Ces dames s’occupaient du suivi des marchés d’étude avec le CNET ou la DAII. Le laboratoire fournissait des rapports ou des notes techniques manuscrites qu’elles faisaient dactylographier, mais elles devaient réinsérer de leur plus belle écriture toutes les formules mathématiques que pouvait contenir ce rapport.
Mme Marie-Françoise LANGLOIS se souvient encore de cette note technique sur l’Egalisation Automatique en 1971 ! Mme DESSAIN traita de même la note technique sur la détection par le maximum de vraisemblance en 1981 !
Mme Marie-Claude FOISSAC assura le suivi de la fabrication du TELSAT 840 en 1979-1980. Mmes CAQUELOT, JOUSSEMET, LE BAILLY, RIMBAULT participèrent aussi à ces affaires.
LA DAME DES NOTICES
C’est Mme PAYEN qui réalisait la notice de chaque modem.
LA DAME DES BREVETS
Mme Béatrice CERES
LE SERVICE INGENERIE
MM. Claude CHANVIN et Bernard MARC m’apprirent à calculer les taux d’erreurs en fonction du rapport Signal sur Bruit
LES STAGIAIRES
Les stagiaires, Elèves Ingénieurs, nous permirent soit de renforcer l’équipe de développement soit d’effectuer des pré-études
· En 1984
Melle Marie-Laure PERROT, en stage de fin d’études de l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), intégra notre équipe et travailla pendant 6 mois à l’implantation sur un microprocesseur 6809 de la partie codage-décodage du TELSAT 4840 ; elle fut ensuite embauchée par la société AERO
Melle Habiba HADRI, en stage de fin d’étude de l’Ecole Polytechnique, effectua la pré-étude, pendant 4 mois, sur le couplage de 2 systèmes adaptatifs, qui permettra par la suite l’étude du couplage de l’annulation d’écho et de l’égalisation adaptative.
· En 1985
Melle Brigitte OMETTOT, en stage de fin d’études de l’ENAC, intégra notre équipe et travailla pendant 6 mois sur l’implantation du regroupement Modulation-Filtrage dans des Processeurs de Traitement de Signal DSP 32010
PETITES HISTOIRES DE DEPLACEMENT
· Le Koulouchka
C’était un petit hôtel dans la campagne aux environs de l’usine de fabrication de Bayonne
Mme Marie-Claude FOISSAC, MM. BUTIN, REMY, et d’autres personnes, descendions dans cet hôtel pour les réunions de fabrication. Après des journées de travail assez longues, nous nous retrouvions tous ensemble pour le diner : que c’était bon ! Malheureusement, vers 5h du matin, un coq chantait !
· Visite chez NOKIA en Finlande (1979)
Lors de notre visite chez NOKIA en mars 1979, avec MM. MITRANI, BAYLE et GARNIER du G.O.T. (Groupe Opérationnel Téléinformatique), le voyage démarra mal :.retard au décollage, à PARIS, 1ère correspondance attrapée de justesse en courant dans les couloirs de l’aéroport. Les Bagages avaient ils suivi ?. A la 2ème correspondance, nous nous achetâmes, des nécessaires de toilette dans cette éventualité. Jean-Louis GARNIER s’acheta même des chemises car il devait, après la visite, continuer son voyage vers les Etats-Unis. A notre grande surprise, les bagages avaient suivi.
A l’hôtel MARSKI où nous logions à HELSINSKI, le matin au petit déjeuner, M. MITRANI tomba en admiration devant un grille pain traversé horizontalement par un petit tapis roulant sur lequel les toasts étaient déposés. Nous courûment les magasins, mais impossible de trouver ce gadget.
L’épisode du Sauna raconté ailleurs par L-J. BAYLE, n’est pas complet. Il a oublié qu’en sortant du sauna où nous avions discuté travail, une dame en blouse, portant un seau d’eau avec une éponge et un gant de crin, comme dans une station service, est venu briquer notre carrosserie avant que nous nous jetions, toujours tout nus, dans cette piscine. Le soir, invités à un diner spectacle, nous eûmes le plaisir de danser avec les dames de nos hôtes.
· Mission à Miami (USA) (1975)
Pour la normalisation d’un modem 9600 Bit/s par le CCITT, (Comité Consultatif International du Télégraphe et du Téléphone), s’opposaient 2 types de modulation : la modulation BLU soutenue par la SAT et SIEMENS et la modulation d’amplitude et de phase combinée, soutenue par les français TRT, LTT, IBM La Gaude, les Américains BELL, CODEX, MILGO, INTERTEL, un hollandais PHILIPS et un canadien. N’ayant jamais été aux réunions du CCITT, donc n’étant pas connu, et m’étant intéressé à ce nouveau type de modulation, M. MITRANI me demanda donc, le jeudi 6 mars 1975, de participer au groupe de travail ennemi qui devait se réunir pendant 3 jours à Miami, du mercredi 12 mars au vendredi 14 mars 1975. Le service Voyage de Mme GENTILS, se mobilisa pour me faire établir un passeport et un visa, obtenir des devises et réserver l’hôtel et les places d’avion. Le mardi 11 mars au matin, je téléphonai à M. MITRANI depuis la salle d’embarquement de ROISSY pour l’informer que je partais bien en mission. M’inquiétant d’être dans les derniers à embarquer dans ce Boeing 707 d’Air France, je fus surpris de me retrouver dans une cabine spacieuse, avec champagne, puis nappe blanche avec couverts en argent, Caviar en entrée, etc. A New-York, une charmante dame américaine paya mon transfert en navette vers le terminal d’Eastern Airline, n’ayant que des grosses coupures en dollars pour régler 50 cents !
A l’arrivée à Miami, je rencontrai les autres français : ils avaient voyagé en classe Economique. Le lendemain, en dehors de la réunion, je fus agressé par le Hollandais parce que la SAT défendait la BLU et qu’il ne comprenait pas ce que je faisais là.
Quel scandale, s’il avait su, qu’au fond de mon sac, entre les documents, se trouvait un magnétophone RADIOLA à cassette, le 1er magnétophone sur le marché !
Le projet de modem 9600 fut défini au cours de ces 3 journées. Aucune des sociétés participantes à ce groupe de travail, n’avait un modem répondant à ce projet. Le soir nous discutions encore, sur les balcons de nos chambres, des différentes techniques utilisées dans ces modems, ce qui me permit d’approfondir encore mes connaissances et de mieux appréhender ce type de modem.
Le samedi matin, Air France me téléphona pour me demander si je maintenais la confirmation de mon vol de retour, le samedi 15 mars 1975. Je confirmai de nouveau. A l’arrivé à New-York, une charmante hôtesse d’Air France m’attendait pour me transférer du terminal Eastern au terminal Air-France. J’embarquai vers 19 h dans un Boeing 747. Vol 70, Cabine 1, Siege 8A. Sur le siège 8B, le directeur de la flotte de l’armateur Aristote ONASIS. Sur les sièges 7A et 7B, le secrétaire particulier de Jackie ONASSIS, ex Jackie KENNEDY, avec son épouse. La conversation s’engagea entre nous quatre et dura une bonne partie du vol. Le secrétaire de Jackie parlait français. Le directeur, connu par tout le personnel de cabine, demanda à ce que je sois bien soigné. Je ne mourus ni de soif ni de faim. Mais quelquefois ce directeur se mettait à pleurer : Aristote ONASSIS venait de décéder. L’avion était plein de journalistes et de ses proches. Jackie ONASSIS, installée en début de cabine vint plusieurs fois lui parler. Elle était vêtue simplement d’un petit pull et d’une petite jupe écossaise. A l’arrivée à ROISSY, je débarquai dans les premiers. Juste après les contrôles, je faillis être piétiné par une harde de mal-éduqués, armés d’appareils photo, qui se précipita sur le groupe qui me suivait.
Je pense que Jackie emportait avec elle plus que son petit pull et sa petite jupe écossaise, car mes bagages étaient restés à New-York.
De retour à la SAT le lundi matin, je fournis ce projet de modem normalisé. Ce projet fut retenu par le CCITT, mais la SAT commercialisa la 1ère le modem 9600 bit/s normalisé V29, le TELSAT 1030.
· L’Hôtel du Rhône à GENEVE
C’était le quartier général du " Ministre " quand il se rendait aux réunions du CCIT à Genève. Il était connu et avait la considération de tout le personnel de l’hôtel. Une fois pourtant, il devait être en disgrâce, il lui fut attribué une petite chambre au 4ème étage, avec vue sur cour, et seulement une douche. Pour ma part, je disposai d’une chambre avec salle de bain et vue sur le Rhône, mais je ne l’échangeai pas.
Depuis ma mission à Miami, j’accompagnais souvent " Le Ministre " au CCITT. Le matin, nous prenions notre petit déjeuner ensemble dans la salle du restaurant, puis nous prenions le bus pour nous rendre au CCITT. En fin d’après-midi, nous regagnions nos chambres pour étudier les contributions distribuées durant les séances plénières du CCITT. De grands sacs étaient nécessaires pour ramener à Paris toutes ces contributions. Vers 20 h, nous nous rendions pour diner dans un petit café restaurant, proche de l’hôtel. Je me souviens des Fraises et du pichet de Brouilly, un rituel de nos diners. Ensuite nous faisions une marche dans la vielle ville, puis nous rentrions pour encore nous pencher sur ces contributions. La compréhension des contributions russes et japonaises étaient quelquefois difficiles. Les Chinois arrivaient mais ne déposaient pas de contribution car en 1976, leur niveau était encore assez bas, comme l’était leur maniement du couteau et de la fourchette, lorsque M. MITRANI les invita à déjeuner. Ces séjours à Genève étaient très studieux. Une seule fois, nous sommes allés tous les 2 au cinéma, assister à la projection d’un film qui venait de sortir, "Elle" avec Bo Dereck.. Une autre fois, au cours de notre promenade vespérale, nous sommes restés écouter un concert, qui se donnait en plein air, sous un kiosque dans un jardin public.
Au CCITT, comme à l’ONU dont il dépendait, la 1ère langue officielle était le Français, suivi de l’Anglais puis de l’espagnol. Je sentais "Le Ministre" qui bouillait sur son siège lorsqu’un Français présentait sa contribution en Anglais.
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